Lég: Avec le vaccin antipaludique, la Côte d’Ivoire pourra réduire les décès infantiles dus au paludisme. / Photo: AFP
L’éradication du paludisme, véritable problème de santé publique en Côte d’Ivoire est en bonne voie. Outre les moyens traditionnels de lutte et de prévention contre cette maladie, le gouvernement s’est donné les moyens de s’offrir le vaccin antipaludique, dont une très grande dose a été réceptionnée, récemment par le ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Pierre Dimba N’Gou, à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan-Port-Bouët.
La mise en œuvre de ce vaccin sera effective, le lundi 15 juillet prochain, à l’issue d’une cérémonie solennelle de lancement qui se déroulera à la mairie d’Abobo, au nord d’Abidjan.
Face à la presse, mercredi 10 juillet, le directeur de cabinet du Ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Dr Aka Koffi Charles, est revenu en détail sur ce vaccin qui, selon lui, vient donner un coup d’accélérateur au processus d’éradication du paludisme en Côte d’Ivoire.
« Le gouvernement ivoirien dans le but de contribuer à l’accélération de l’élimination du paludisme, a inscrit dans sa politique sanitaire l’utilisation du vaccin antipaludique R21/Matrix-M pour les enfants de 6 à 23 mois. Ainsi, l’introduction du vaccin antipaludique dans notre Programme Élargi de Vaccination (PEV), représente une avancée majeure dans notre lutte contre le paludisme. Le vaccin antipaludique est le fruit de plusieurs décennies de recherches et de collaborations internationales. La vaccination contre le paludisme a démontré son efficacité dans la réduction des cas de paludisme grave et des décès chez les tous petits », a indiqué le directeur de cabinet.
Selon Dr Koffi Aka Charles, « en combinant les efforts de prévention existante avec l’intervention vaccinale, nous pouvons espérer diminuer la prévalence du paludisme et alléger la charge qui pèse sur nos communautés et notre système de santé ».
Il a précisé que « pour l’instant, cette vaccination concernera 38 districts sanitaires répartis dans 16 régions ayant les incidences de paludisme les plus élevées. Elle vise une cible de 250 000 enfants âgés de 6 à 23 mois. L’extension de la vaccination se fera progressivement dans les 75 autres districts sanitaires d’ici la fin 2024. J’aimerais vous rassurer que nous veillions à ce que tous les enfants éligibles aient accès à leurs quatre doses de vaccin antipaludique qui leur seront administrés à 6 mois, 8 mois, 9 mois et 15 mois ».
« Le gouvernement Ivoirien par ma voix, lance un appel à tous les parents et gardiens d’enfants à faire vacciner leurs enfants contre le paludisme. La vaccination est un acte de protection et de prévention qui sauve des vies. C’est un droit pour les enfants, une obligation pour les parents et un devoir pour l’Etat qui met tout en œuvre pour que les vaccins soient disponibles dans les centres de santé. Ensemble, nous pouvons réduire l’impact dévastateur du paludisme sur nos communautés et offrir un avenir plus sain à nos enfants. En plus de la vaccination, nous demandons aux parents de continuer à faire dormir leurs enfants sous les moustiquaires imprégnées, aux femmes enceintes, de prendre la Sulfadoxine Pyriméthamine car oui la protection des enfants contre le paludisme débute depuis le ventre de la mère et surtout ; à la population d’assainir son cadre de vie », a lancé Dr Koffi Aka Charles.
Le collaborateur du ministre Pierre Dimba N’Gou, a tenu à rassurer la population sur l’efficacité, la crédibilité, la sécurité et surtout la gratuité du vaccin antipaludique R21/Matrix-M. « L’introduction du vaccin antipaludique en Côte d’Ivoire est donc une victoire pour notre système de santé et une preuve de l’engagement continu du gouvernement à l’amélioration du bien-être de nos populations. Nous pouvons sur ce, nous féliciter de ce progrès », s’est-t-il réjoui.
Il n’a pas manqué de traduire la reconnaissance et les remerciements du gouvernement aux partenaires techniques et financiers de la Côte d’Ivoire qui ont été d’un apport inestimable dans l’inscription du pays à ce processus vaccinal. Il s’agit notamment de Gavi, l’Alliance du Vaccin, l’OMS, l’UNICEF, l’USAID, sans pour autant omettre tous les autres partenaires (CDC, BREAKTHROUGH ACTION, Jhpiego, Fonds Mondial, Rotary, AMP), ainsi que les acteurs de la société civile et du secteur privé qui ont contribué à cette réalisation.
En côte d’Ivoire, le paludisme constitue un problème majeur de santé publique, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans. L’incidence est passée de 155 à 229,8 dans la population générale et de 287 à 596 chez les enfants de moins de 5 ans de 2016 à 2019. Bien que la mortalité du paludisme ait baissé de 2018 à 2021 dans la population générale (de 13 pour 100 000 habitants à 4,3 pour 100 000) et chez les enfants de moins de 5 ans (de 49 pour 100 000 enfants à 19 pour 100 000), elle reste élevée chez ces derniers. En plus, le paludisme est une cause d’absentéisme scolaire et professionnel, réduisant ainsi de 43% le revenu mensuel des ménages. En outre, la lutte contre le paludisme est confrontée à une évolution significative de la résistance des vecteurs aux insecticides, au niveau des districts sanitaires, passant de 25% à 80%.
Chaque année, en Côte d’Ivoire, ce sont plus de 1000 enfants de moins de 5 ans qui meurent du paludisme, ce sont 3 enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque jour du paludisme.
Malgré les progrès réalisés grâce aux mesures de prévention et de traitement, telles que l’utilisation de la MILDA, l’assainissement du cadre de vie, la prise de sulfadoxine pyriméthamine chez la femme enceinte, le paludisme continue de peser lourdement sur les communautés et le système de santé ivoirien.
Thom Biakpa
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