Des hommes armées dans une rue de Goma/ AFP
Ce mercredi 29 janvier, la situation à Goma, capitale du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), demeure tendue. Le groupe armé M23, soutenu par une force rwandaise estimée entre 3 000 et 4 000 soldats selon l’ONU, contrôle désormais la zone autour de l’aéroport et occupe presque entièrement le centre-ville ainsi que les faubourgs. Des tirs sporadiques résonnent dans les quartiers périphériques, témoignant d’une escalade des violences.
L’incertitude plane également sur le sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) prévu à Nairobi. La présidence congolaise a annoncé que le président Félix Tshisekedine participera pas à cette réunion, tandis que le Rwanda a laissé entendre qu’il pourrait également s’en abstenir. Cette situation complique davantage les efforts diplomatiques pour résoudre la crise dans l’est de la RDC.
Les combats entre le M23 et l’armée congolaise se poursuivent depuis plus de trois ans, mais la situation s’est aggravée ces derniers jours, avec des troupes du M23 entrant dans Goma dans la nuit de dimanche à lundi. Les conséquences humanitaires sont dramatiques : au moins 100 personnes ont été tuées et plus de 1 000 blessées, selon des rapports d’hôpitaux locaux. L’ONU a signalé que les établissements de santé de Goma sont submergés par le nombre de blessés, et de nombreux corps gisent dans les rues.
La situation humanitaire est qualifiée d‘« extrêmement inquiétante » par l’ONU, qui a dû suspendre la distribution d’aide alimentaire en raison de l’insécurité croissante. Goma, qui compte environ un million d’habitants, fait face à une crise humanitaire chronique, exacerbée par les récents combats qui ont entraîné plus de 500 000 déplacés depuis le début du mois de janvier, selon la ministre congolaise des Affaires étrangères.
Un sommet extraordinaire de l’EAC, consacré à la situation chaotique dans l’est de la RDC, est prévu ce mercredi. Cependant, l’absence annoncée de Félix Tshisekedi soulève des questions sur l’efficacité de cette rencontre. L’Union africaine a récemment exhorté les combattants du M23 à « déposer les armes » et a condamné les violences perpétrées par ce groupe. De son côté, l’ONU a tenu une réunion de son Conseil de sécurité à New York, où l’ambassadeur chinois a appelé le Rwanda à cesser son soutien au M23.
Dans un contexte de tensions croissantes, l’ambassadeur rwandais des Grands Lacs, Vincent Karega, a déclaré que le Rwanda ne se rendrait pas au sommet de l’EAC si les principaux acteurs de la crise n’étaient pas présents. Cette déclaration fait suite à l’annonce de la présidence congolaise concernant l’absence de Félix Tshisekedi.
Le directeur adjoint de la cellule de communication de la présidence, Giscard Kusema, a précisé que le président Tshisekedi suit de près l’évolution de la situation à l’est du pays, mais qu’il n’a pas prévu de participer à la réunion convoquée par son homologue kenyan, William Ruto. Un message radiotélévisé du président congolais est attendu en début de soirée, diffusé en direct depuis ses bureaux à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa.
Alors que des tirs sont entendus vers Katoyi et le camp militaire Katindo, la situation à Goma reste volatile, et l’avenir de la région demeure incertain.
Thom Biakpa
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