Le 4 mars dernier, un avion a rapatrié 135 ressortissants maliens de Tunisie vers Bamako. Les ministres de la Défense et des Anciens Combattants et des Maliens établis à l’étranger les ont accueillis.
Le vol a transporté 97 hommes, 25 femmes et 13 enfants.
Le même jour, à Abidjan, un autre vol a accueilli 145 passagers qui ont été accueillis par le Premier ministre et plusieurs ministres avant d’être transportés dans un centre d’accueil pour une période de trois jours de prise en charge médicale et psychologique. Ils ont ensuite rejoint leurs familles.
Le 21 février, le président tunisien Kaïs Saïed a tenu des propos condamnés par des ONG comme « racistes et haineux » à l’encontre des immigrés clandestins subsahariens, accusant leur présence d’être une source de « violence et de crimes » et relevant d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » de la Tunisie.
Depuis lors, les personnes d’Afrique subsaharienne ont signalé une augmentation des agressions à leur encontre et se sont précipitées par dizaines dans leurs ambassades pour être rapatriées.
Des témoignages de Guinéens sont revenus sur un « déferlement de haine » après le discours du président tunisien. Bon nombre des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu leur travail et leur logement du jour au lendemain.
Des dizaines ont été arrêtés lors de contrôles policiers, certains étant encore en détention. Des ONG ont signalé l’existence de « milices » qui les pourchassent et les dépouillent.
L’Association des étudiants étrangers Aesat a documenté des agressions à l’encontre de quatre étudiantes ivoiriennes et une étudiante gabonaise à la sortie de leur foyer universitaire le 26 février. Apeurés, de nombreux étudiants d’Afrique subsaharienne ont déjà quitté la Tunisie par leurs propres moyens, selon leurs représentants. L’Aesat avait appelé les étudiants subsahariens à rester chez eux et à ne plus aller en cours. Cette directive a été prolongée au moins jusqu’au 6 mars.
En réponse à la situation, la Tunisie a décidé d’exonérer les ressortissants d’Afrique subsaharienne qui veulent retourner volontairement dans leur pays des pénalités imposées aux personnes en situation irrégulière. Ces pénalités, qui s’élèvent à 80 dinars par mois de séjour irrégulier (soit environ 25 euros), peuvent atteindre plus de 1 000 euros pour certains.
Le président tunisien, Kaïs Saïed, a tenté de se défendre contre les accusations de racisme à l’égard des migrants Subsahariens, qui ont suivi son discours incendiaire contre les migrants clandestins. Au cours d’une rencontre avec le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, M. Saïed a déclaré que les Africains présents en Tunisie étaient des « frères ».
Il a également souligné que son discours visait à faire respecter la légalité tunisienne en matière d’immigration et à empêcher toute juridiction parallèle aux juridictions de l’État.
Le président a rejeté les accusations de malveillance de la part de ceux qui ont voulu interpréter son discours pour nuire à la Tunisie.
« Cette situation concernant les Africains ne peut être interprétée par les langues malveillantes, comme ils l’ont fait ces derniers jours, comme du racisme. De quoi ils parlent ? Ils divaguent », a-t-il ajouté. « Je suis Africain et je suis fier de l’être », a-t-il encore dit.