Dans la nuit du 5 au 6 mars à Bangui, la capitale de la République centrafricaine, l’entrepôt de la brasserie française Mocaf-Castel, qui est le principal producteur d’alcool en République centrafricaine et une filiale du groupe Castel depuis son acquisition en 1993, a été détruit par un incendie.
L’entrepôt, qui faisait plusieurs centaines de mètres carrés, est désormais une montagne de tessons de bouteilles et de casiers fondus.
Les dommages matériels pourraient être estimés à plusieurs millions de francs CFA.
Mocaf-Castel est l’un des plus importants producteurs et employeurs du pays, employant 300 personnes et étant la première source de revenus fiscaux pour la République centrafricaine.
Les autorités de la Protection civile ont indiqué que l’incendie de l’entrepôt de Mocaf-Castel à Bangui aurait été délibérément causé par des individus.
Des traces d’hydrocarbures ont été découvertes sur les lieux, provenant de bouteilles cassées.
Dans les heures qui ont suivi l’incendie, une opération militaire et policière a permis l’arrestation de sept suspects dans un motel à proximité de l’entrepôt.
Une photo des hommes, qui semblaient être de faible constitution, entourés de militaires, a été publiée par le gouvernement centrafricain.
Cependant, des images de vidéosurveillance de l’entrepôt ont été obtenues et offrent une version différente de l’incident.
Prises sous différents angles et à plusieurs moments, les images ont montré deux groupes d’incendiaires, grands, athlétiques et portant des tenues paramilitaires. Armés de pistolets mitrailleurs, ces hommes jetaient des cocktails Molotov par-dessus la barrière de l’entrepôt avec une attitude maîtrisée. Cela contredit donc la version initiale donnée par les autorités centrafricaines quant à la cause de l’incendie et l’identité des assaillants.
En 2022, une enquête a été ouverte à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre en lien avec la brasserie Mocaf.
En effet, cette entreprise est au centre de tensions en République centrafricaine depuis que des suspicions de financement du terrorisme dans la région du Sahel ont été évoquées.
Ces soupçons ont été alimentés par le fait que la Mocaf est une filiale du groupe français Castel dans un pays où la France n’est plus considérée favorablement. L’usine commerciale est ainsi devenue un enjeu diplomatique entre la Russie et la France sur le sol centrafricain.
En outre, la présence et les actions du groupe paramilitaire russe Wagner en République centrafricaine n’est plus un secret pour personne. Pour certains observateurs, ce pays est devenu le terrain d’expérimentation et de déploiement des activités de ce groupe en Afrique. Des informations indiquent même que le groupe russe Wagner se serait également lancé dans le secteur brassicole à travers un produit nommé « Afrika Ti l’or », une bière brassée à la Maison russe de Bangui.
La brasserie MOCAF est l’un des principaux piliers économiques en République centrafricaine, leader dans son domaine d’activité et spécialisée dans la production de boissons. L’incendie de l’entrepôt de cette entreprise entraînera probablement des conséquences financières considérables pour la République centrafricaine, en plus de l’augmentation de l’inflation qui est déjà en cours.