A 7 mois de l’élection présidentielle, le plus redoutable opposant de Macky Sall a été placé sous mandat de dépôt le lundi 31 juillet par le tribunal de Dakar et son parti, le Pastef, dissout. Cette décision qui l’exclut du jeu politique suscite des controverses.
« Appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, complot contre l’autorité de l’État » et bien d’autres charges sont retenues contre Ousmane Sonko.
Sa formation politique n’est pas épargnée. Le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a écopé d’une dissolution décidée par le ministre de l’intérieur pour « manquement permanent et sérieux aux obligations des partis politiques », incitation à des « mouvements insurrectionnels ». Ces mesures classent hors course Ousmane Sonko de toute élection.
Ousseynou Ly, cadre du Pastef, dénonce une « décision » qui « n’obéit à aucune logique démocratique ». Pour Ndam Abdou, enseignant de sciences politiques : « Il n’y a aucune objectivité dans les décisions du gouvernement sénégalais pour ce qui concerne les sanctions contre l’opposant Ousmane Sonko, principal meneur de lutte ou obstacle dans la tentative de Macky Sall de briguer un troisième mandat. Nous assistons à des actions de rancune politique qui consistent pour celui qui a le pouvoir de neutraliser un adversaire de poids ».
Un avis contraire pour le juriste Louison Essomba qui estime que « les opposants en Afrique ont tendance à vouloir renverser les institutions pour s’affirmer. Ousmane Sonko doit se soumettre à la loi sénégalaise et organiser son combat pacifiquement en conformité à la norme sociale établie ».
Au Sénégal, les manifestants ont envahi les rues pour protester contre l’arrestation d’Ousmane Sonko. Deux morts ont été enregistrés. Malgré les fortes pressions judiciaires et politiques contre lui, le maire de Ziguinchor se tourne vers ses militants. « Je viens d’être injustement placé sous mandat de dépôt. Si le peuple sénégalais, pour qui je me suis toujours battu, abdique et décide de me laisser entre les mains du régime de Macky Sall, je me soumettrai, comme toujours, à la volonté divine », s’est-il exprimé sur les réseaux sociaux. Son parti fustige la « démolition de la démocratie sénégalaise ». La situation reste tendue au pays, ses partisans inondant les plateformes numériques pour diffuser des messages de résistance. Internet a été interrompu pour « diffusion de messages haineux et subversifs ». Amnesty International dénonce une « atteinte à la liberté d’information ».
Tchuisseu Lowé