La junte au pouvoir au Burkina Faso a arrêté en début de ce mois, quatre agents du renseignement français. Ils sont suspectés par les autorités burkinabè d’être des espions envoyés en mission par le service de renseignement français.
Joint par le média Sahel Intelligence, une source burkinabé a indiqué: « Nous sommes en train de vérifier le véritable travail de terrain de quatre ressortissants français présentés comme des agents de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Ils sont actuellement devant les enquêteurs ».
« Il est vrai qu’ils étaient ici dans le cadre de la coopération militaire entre le Burkina Faso et la France » et « devaient soutenir l’ANR (Agence Nationale de Renseignement burkinabè) dans la collecte de renseignements, notamment dans la lutte contre le terrorisme », a déclaré le commandant Aziz Ouédraogo, de l’état-major des Forces Armées.
Les quatre français pour l’heure, sont détenus à la prison de Ouagadougou en attendant la procédure, a expliqué le commandant Ouédraogo, ajoutant que les Français sont en détention depuis plusieurs jours.
Une source de la Police Nationale, qui a préféré rester anonyme, a affirmé que les services de renseignement du Burkina Faso collaborent actuellement avec les Russes et que la présence des Français, qui sont toujours à Ouagadougou, n’est pas bien vue « dans certaines de leurs activités ».
Les relations entre Ouagadougou et Paris se sont considérablement détériorées depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré lors d’un coup d’État l’année dernière.
Les autorités burkinabé accusent la France, en particulier, de ne pas faciliter l’acquisition d’armes dans la lutte contre les groupes jihadistes qui attaquent le Burkina Faso depuis 2015. Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyelem de Tambèla, a même accusé la France le 1er décembre dernier, d’instiguer des soulèvements contre la junte militaire qui dirige le pays depuis le coup d’État de 2022.
Selon le média français France 24, une source française proche du dossier dénonce une manœuvre visant à justifier les prises de position et les accusations contre Paris.
Par ailleurs, une source diplomatique française contactée par l’AFP, a bien confirmé l’arrestation des quatre hommes « le 1er décembre dernier ». Des « fonctionnaires français, détenteurs de passeports diplomatiques et de visas » qui « étaient au Burkina Faso pour réaliser une opération de maintenance informatique au profit de l’ambassade de France », affirme-t-elle.
Transférés à la prison de Ouagadougou depuis le 14 décembre dernier, le gouvernement français dit avoir pris acte des procédures judiciaires en cours, mais rejette les accusations selon lesquelles ces techniciens auraient été envoyés au Burkina Faso pour d’autres motifs que leur travail de maintenance informatique. Il demande leur retour en France sans délai », conclut cette source diplomatique.
Encore une affaire qui vient assombrir les relations déjà tumultueuses entre le Burkina Faso et la France.