En signe de représailles au coup d’Etat militaire survenu, le 26 juillet 2023 au Niger, le Bénin a appliqué des sanctions décidées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont la fermeture de sa frontière avec son voisin sahélien. Le Niger dans la foulée, avait également fermé sa frontière avec le Bénin.
Les deux pays qui partagent une frontière longue de 277 km, ont depuis lors, cessé toute collaboration. Mais cette situation de crispation semble désormais un vieux et mauvais souvenir, depuis le 21 décembre dernier, suite à la sortie de Patrice Talon, le président du Bénin.
En effet, lors de son discours annuel à la nation devant l’Assemblée nationale, Patrice Talon a déclaré vouloir « rétablir rapidement les relations » entre le Bénin et ses voisins qui ont connu des coups d’État. Le président béninois a affirmé qu’il y avait « un temps pour condamner, un temps pour exiger et un temps pour faire le point et prendre acte », évoquant notamment le Niger où le président Bazoum a été renversé le 26 juillet 2023.
Six jours après cette déclaration, c’est à dire, le 27 décembre 2023, le Bénin a levé la suspension des importations de marchandises transitant vers le Niger par le port de Cotonou. C’est le directeur général du port de la capitale béninoise qui s’est fait fort de donner l’information dans un communiqué officiel.
Après donc cinq mois de sanctions ouest-africaines appliquées en réponse au coup d’État survenu dans le pays sahélien. «Il est procédé à la levée de la mesure relative à la suspension au port de Cotonou, des importations des marchandises à destination du Niger», a écrit le directeur général du Port autonome de Cotonou, Bart Jozef Johan Van Eenoo.
Cette mesure a été prise «au regard de l’amélioration substantielle des conditions opérationnelles de traitement des marchandises au port de Cotonou, notamment la réduction du taux de congestion», a justifié Bart Jozef Johan Van Eenoo.
Les sanctions de la Cedeao à l’encontre du Niger ont eu de lourdes conséquences économiques pour le Bénin. Ce pays a enregistré notamment une baisse de ses revenus portuaires.
En outre, le pays dirigé par Patrice Talon, ne veut pas perdre les ristournes liées à l’oléoduc géant reliant le sud-est du Niger à la côte béninoise, mis en service début novembre pour permettre à partir de janvier la commercialisation du brut nigérien sur le marché international. C’est aussi un sujet de préoccupation pour les deux pays. Le Niger en attend une augmentation de ses recettes pétrolières et le Bénin la perception de droits de transit, compensant les recettes douanières perdues du fait des sanctions.
Quoi qu’on dise, la CEDEAO elle-même a fini par lâcher du lest dans les mesures prises vis à vis du Niger pour l’amener à renoncer au coup d’État qui a déposé Mohamed Bazoum. Elle a procédé le 10 décembre dernier à un allègement de ses sanctions à l’encontre du Niger, en le conditionnant à une « transition courte » avant un retour des civils au pouvoir.
La frontière entre le Bénin et le Niger étant désormais ouverte, les deux pays peuvent reprendre leurs relations commerciales notamment, pour le plus grand bonheur des deux peuples.