Ce n’est vraiment pas la grande sérénité dans les casernes au Burkina Faso. De plus, entre les autorités de la transition et plusieurs responsables de l’armée, s’est installée une crise de confiance. Il ne se passe pratiquement plus de semaine, sans que des gradés de l’armée burkinabé ne soient auditionnés, arrêtés ou encore suspendus de leurs fonctions. La raison est toujours liée à des suspicions de coup d’État et de déstabilisation des institutions de la République.
Dans un communiqué du gouvernement de la transition, lu jeudi 18 janvier dans la soirée, par Jean-Emmanuel Ouédraogo, son porte-parole, la junte au pouvoir annonce avoir déjoué une quatrième tentative de coup d’État. Ce communiqué parle d’un réseau de plusieurs militaires en fonction pour certains et radiés pour d’autres mais aussi des civils, qui nourrissaient l’idée de s’attaquer à la République. Ce communiqué va plus loin en donnant plus de détails sur ce projet qui aurait eu l’appui de plusieurs soutiens extérieurs.
A l’en croire, c’est la date du 14 janvier dernier qui aurait été arrêtée par les membres de ce réseau démantelé, pour semer la confusion dans le pays. Le scénario, d’après le communiqué, est assez clair. » Des individus, contactés dans différentes casernes militaires du Faso, devaient organiser une mutinerie servant de point de départ au processus de déstabilisation. Des organisations de la société civile prendraient alors le relais, créant un désordre propice à l’intervention d’un commando venu de l’extérieur, afin d’attenter à la vie de plusieurs autorités de la Transition, semer le chaos et mettre un coup d’arrêt brutal au processus de Refondation pour la dignité, l’intégrité, la liberté et la souveraineté de notre pays », affirme le communiqué.
Un projet qui n’a pu voir le jour grâce à « la vigilance des services de renseignement et la promptitude des forces patriotiques de défense et de sécurité qui ont permis d’interrompre la mise en œuvre de cette énième tentative de déstabilisation évitant à notre pays de voir une nouvelle fois son espoir de liberté et d’indépendance assassiné sur l’autel d’intérêts égoïstes », indique ce communiqué.
Jean-Emmanuel Ouédraogo, le porte-parole du gouvernement assure que des financements étaient en cours de déblocage et de transfert depuis l’extérieur du pays, pour alimenter l’opération. Plusieurs militaires et civils impliqués dans ce projet ont été interpellés selon le gouvernement, qui dit enquêter pour dégager d’éventuelles nouvelles implications possibles.
Dans la foulée, dimanche dernier, l’ancien chef d’état-major de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Évrard Somda, a été arrêté par des individus lourdement armés dans le cadre de ce dossier, ainsi que plusieurs autres soldats et des civils.
Depuis quinze mois que la junte au pouvoir est en place, c’est la quatrième tentative de renversement qu’elle affirme avoir démantelée. Plusieurs autres projets de déstabilisation déjoués par le passé, avaient déjà conduit à de nombreuses suspensions et radiations dans les rangs de l’armée burkinabè.
Thom Biakpa