La Cour Suprême du Ghana
Votée en février dernier par le parlement ghanéen, la loi anti-gay est en ce moment examinée par la Cour Suprême du Ghana. Les juges de cette importante juridiction sont en train de disséquer cette disposition qui réprime l’homosexualité dans ce pays. Si cette loi est jugée conforme à la Constitution, elle sera adoptée et promulguée par le président de la république Nana AkufoAddo.
Mais le risque, c’est qu’en cas d’une adoption de cette loi, le Ghana pourrait perdre le soutien de la Banque Mondiale, qui ne badine pas avec cette forme de restriction et d’atteinte à la liberté et aux droits de l’homme. L’on se souvient que l’Institution financière dans ce même cas de figure a déjà suspendu deux fois ses versements à l’Ouganda après l’adoption de textes condamnant l’homosexualité. Ce qui a poussé le gouvernement en 2014 à faire très vite machine arrière. Mais en 2023, le président Museveni a approuvé la nouvelle loi pénalisant l’homosexualité et refuse de reculer sous la pression de la banque.
De façon concrète, si la loi contre l’homosexualité est adoptée au Ghana, le pays pourrait se voir refuser le prêt de 3,8 milliards de dollars que s’apprête à lui accorder la Banque mondiale. Dans la foulée, le Fonds Monétaire International(FMI) qui assure à ce pays un autre financement de trois milliards de dollars pourrait suivre.
Par ailleurs, Accra redoute la réaction de ses partenaires européens. L’Allemagne a déjà fait savoir qu’elle réprouvait cette loi. Au mois de Février, au moment du vote de la loi, le ministre ghanéen des Finances avait averti les parlementaires du risque couru, leur conseillant de chercher des financements alternatifs auprès des pays arabes ou de la Chine, en cas de sanction.
Au Ghana, le sujet déchaine les passions et les populations sont pour l’adoption de cette loi, qui selon elles, protège leurs traditions et cultures. Dans ses dispositions, la loi contre l’homosexualité prévoit des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison contre les LGBTQ, et de la prison ferme également contre les proches qui ne dénonceraient pas ce choix sexuel.
Thom Biakpa