Tiani et Talon peinent à s’accorder sur la situation de leurs frontières/ photo: présidence Bénin
C’est un véritable dialogue de sourds auquel s’adonnent les autorités béninoises et nigériennes à propos des frontières de ces deux pays restées fermées depuis maintenant dix mois. Niamey avance des raisons sécuritaires pour justifier sa décision de maintenir fermées sa frontière avec son voisin du sud. Du côte de Cotonou, l’on se dit prêt à lever le verrou comme cela a déjà été le cas, à condition que le Niger en fasse de même.
Depuis lors, malgré les discussions et les médiations, rien n’a bougé. Les deux pays restent intransigeants sur leurs positions. Pourtant, cette tension n’est en rien favorable à l’important projet de pipeline qui doit permettre d’exporter via le Bénin, le pétrole brut extrait du gisement d’Agadem au Niger, officiellement mis en service au mois de mars dernier.
S’il est vrai qu’en mai, Patrice Talon avait lâché du lest en acceptant suite à la médiation de la société chinoise Wapco, d’autoriser le premier chargement de pétrole au port de Sèmè-Kpodji qui eu lieu le 19 mai dernier, il a depuis, refermé les vannes.
Devant cette situation d’impasse, le Bénin a envoyé Samou Seïdou Adambi, le ministre béninois des Mines, à Niamey, les 27 et 28 mai, pour une visite de travail afin de « trouver une porte de sortie » dans le dossier de l’exportation du pétrole nigérien par le littoral béninois, compromise par la brouille diplomatique entre les deux États.
Malheureusement, l’émissaire de Talon s’est vu signifier une fin de non-recevoir.Cette réaction du général Abdourahame Tiani, chef de l’État nigérien a profondément déplu à Patrice Talon qui a malgré tout, réitéré lors d’une intervention ce week-end, la disponibilité de son administration à collaborer, notamment au sujet de la douane.
Réagissant à la sortie de Patrice Talon, le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine, a estimé que le message d’apaisement du président béninois, n’en est pas un. Il a critiqué la démarche béninoise dont la police a été chargée de chasser lesreprésentants nigériens du port de Sèmè-Kpodji. “ Le président Talon n’a pas fait cas du renvoi de nos représentants du port de Sèmè-Kpodji. Nous avons des inspecteurs qui y étaient. La police béninoise a été chargée de les chasser. Est-ce que cela est normal ?”, s’est-il interrogé.
Le dialogue de sourds entre le Bénin et le Niger continue de plomberl’exploitation du pétrole brut d’Agadem via le port de Sèmè-Kpodji. Ce sont plusieurs milliards en fcfa que perdent les deux pays en raison de cette situation de blocage.
Thom Biakpa