Des populations manifestant au Ghana contre les coupures d’électricité / Photo: AFP
Au Ghana, les populations sont confrontées depuis plusieurs mois à des coupures intempestives d’électricité. Une situation due en grande partie à la trop grande dépendance de ce pays vis-à-vis du gaz nigérian, nécessaire pour alimenter l’une de ses principales centrales électriques.
Selon les opérateurs électriques, le Ghana dépend, en effet, à près de deux tiers du gaz en provenance du Nigéria. Or, la fourniture est perturbée depuis quelques mois, en raison des travaux de maintenance sur un champ gazier de ce pays voisin. De fait, la grande centrale électrique de Takoradi sur la côte ghanéenne, alimentée par ce gaz nigérian, n’est plus correctement approvisionnée.
Des experts du domaine de l’énergie au Ghana ont annoncé récemment que les perturbations dans la fourniture de l’électricité vont encore s’accroître pendant au moins trois semaines, le temps que le Nigéria achève ses travaux de maintenance.
Entre angoisse et dépit, les Ghanéens ont exprimé leur colère en décriant l’amateurisme et l’incompétence de leurs dirigeants, qui selon eux, ne font rien pour développer les champs gaziers du pays à cet usage. « C’est clairement un manque de vision. Comment comprendre que nous soyons dépendants du gaz nigérian, alors que notre pays possède des champs gaziers ? C’est invraisemblable », a regretté un acteur de la société civile.
Pour lui et pour de nombreux Ghanéens, le gouvernement doit donner la priorité aux investissements dans les énergies renouvelables et moderniser les centrales hydroélectriques et thermiques existantes, afin de garantir une alimentation électrique régulière.
Déjà le 8 juin dernier, des centaines de Ghanéens, dont des célébrités du monde du spectacle, ont manifesté à Accra contre les coupures d’électricité sous le slogan « DumsorMustStop ». Ces coupures électriques sont d’autant plus mal vécues par les Ghanéens que le pays sort à peine d’une crise économique violente qui a vu l’inflation grimper à 54 % en décembre 2022. Elle était redescendue à 25 % en avril dernier, mais la population est toujours éprouvée.
Une chose est sûre, l’épineuse question des délestages sera au cœur de la campagne présidentielle à l’approche des élections prévues en décembre prochain.
Thom Biakpa