Un Mirage 2000 de l’Armée française décollant de la base de N’Djamena/ AFP
L’armée française a amorcé son retrait du Tchad, comme l’a annoncé l’état-major des armées tchadiennes dans un communiqué officiel, le mardi 10 décembre. Cette décision fait suite à la rupture des accords de coopération, de défense et de sécurité, annoncée par le gouvernement tchadien, le 28 novembre dernier. Une source gouvernementale tchadienne a précisé : « C’était une volonté du Tchad, et la France a fait preuve de bonne volonté. » Toutefois, la rapidité avec laquelle les premiers avions de combat français ont quitté le pays a surpris de nombreux observateurs. « C’est allé plus vite que prévu », a confié cette même source.
Après l’annonce de la rupture des accords, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, avait évoqué un délai d’environ six mois pour le retrait. Cependant, deux jours plus tard, le Premier ministre a exprimé le souhait que ce retrait s’effectue dans les plus brefs délais. Ce mardi, la France a répondu à cette demande en faisant décoller deux Mirage 2000 de la base aérienne d’Adji Kossei à 13h15, accompagnés d’un MRTT, un avion de ravitaillement, en direction de la France. « C’est une première étape vers le désengagement des forces militaires françaises », a déclaré Abderaman Koulamallah.
Le troisième Mirage, quant à lui, n’a pas pu quitter le sol tchadien en raison d’une panne de moteur. « Les avions étaient cloués au sol depuis deux semaines », a expliqué une source gouvernementale, soulignant que cet aspect technique a également contribué à la rapidité du retrait décidé par la France. La présence aérienne française avait fourni un soutien opérationnel crucial, comme l’a souligné Remadji Hoinaty, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) : « Ces Mirage ont souvent accompagné l’armée tchadienne, réalisant des tirs de semonce pour intimider les adversaires sur le champ de bataille. »
Ce retrait marque un tournant historique, car le Tchad a longtemps été un point d’ancrage stratégique pour l’armée de l’air française. La dernière fois que cette dernière avait quitté le sol tchadien, c’était en 1976, à la demande du président Félix Malloum, avant de revenir la même année pour soutenir l’armée tchadienne face à la progression des rebelles du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat).
Les discussions entre Paris et N’Djamena se poursuivent concernant le désengagement des autres capacités militaires françaises présentes au Tchad, y compris le retrait des 1000 soldats actuellement déployés.
Thom Biakpa