La radio anglaise BBC a été suspendue pour trois mois au Niger/ photo: BBC
Les autorités nigériennes ont décidé de suspendre la radio BBC pour une durée de trois mois, à compter du jeudi 12 décembre 2024. Cette décision fait suite à des accusations selon lesquelles la radio anglophone aurait diffusé des bilans non officiels concernant les récentes attaques sur le territoire national. En particulier, la suspension concerne la couverture de l’attaque sur le village de Chatoumane, qui aurait causé la mort de plus d’une centaine de personnes. Les autorités ont fermement démenti ces allégations, qualifiant les informations de « fausses » lors d’une déclaration faite mercredi soir.
Lors d’une réunion du Conseil des ministres, le gouvernement a également annoncé son intention de porter plainte contre RFI, accusée d’avoir orchestré une « vaste campagne de désinformation ». Dans son journal de midi, la BBC Afrique avait rapporté que des militairesprésumés avaient mené deux attaques simultanées à Chatoumane et dans la région de Téra, faisant état d’un bilan de 130 morts. Cette information a été jugée inacceptable par les autorités, qui ont réagi rapidement en suspendant la radio.
Le ministre de la Communication, Sidi Mohamed Raliou, a déclaré que la BBC avait diffusé des « informations erronées » susceptibles de déstabiliser la paix sociale et de miner le moral des forces armées engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mercredi soir, l’état-major des armées avait déjà démenti les informations concernant l’attaque de Chatoumane, qualifiant ces affirmations de « campagne d’intoxication » orchestrée par des adversaires du peuple nigérien, visant à saper le moral des troupes et à semer la division entre les populations et les forces de défense et de sécurité.
Des sources sécuritaires et médicales ont rapporté qu’au moins 90 soldats et une cinquantaine de civils avaient perdu la vie dans les combats. Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, les médias et les journalistes au Niger rencontrent de nombreuses difficultés dans l’exercice de leur profession. Une semaine après la prise de pouvoir de Mohamed Bazoum, RFI et France 24 avaient déjà été suspendues, et cette situation perdure.
En réponse à la plainte déposée par le régime nigérien, la direction de RFI a qualifié ces accusations d‘« extravagantes » et de « diffamatoires », affirmant qu’elles ne reposent sur aucun fondement, soutenant que les journalistes de RFI continuent d’exercer leur métier de manière professionnelle et indépendante, en ne publiant que des informations vérifiées.
Thom Biakpa