Entre le président Mahamat Idriss Déby et son frère ainé, Adam Idriss Déby, ce n’est pas le grand amour/ Photo : AFP
Dans une lettre récemment rendue publique, Adam Déby Itno, exilé en Égypte depuis une décennie, s’attaque frontalement à son frère, Mahamat Idriss Déby, devenu président du Tchad. Il l’accuse de mener le pays vers la ruine, dépeignant un tableau sombre de la situation actuelle. En réponse, Mahamat Idriss Déby a rapidement réagi par le biais d’un média proche du pouvoir, affirmant que son aîné est animé par la « haine ».
Adam Déby Itno évoque dans sa missive des sentiments de solitude, de trahison et d’exclusion au sein de leur clan familial. Il déverse un flot d’amertume, qualifiant son frère de « chaos incarné » et dénonçant le choix tragique qu’il laisse au peuple tchadien : celui de subir « la guerre civile » ou de vivre sous son « joug impitoyable ». Cette lettre, intitulée « Lettre à cœur ouvert », révèle les profondes blessures et les ressentiments accumulés au fil des années.
Ce qui frappe particulièrement les observateurs, c’est la rapidité avec laquelle Mahamat Idriss Déby a réagi à cette attaque. Dans son communiqué, il attribue les accusations de son frère à une jalousie tenace, remontant à l’époque où leur défunt père l’avait nommé à la tête de la garde présidentielle, un poste supérieur à celui de chef d’état-major occupé par Adam. Ce dernier, selon Mahamat, ne peut accepter cette situation en raison de son « égo surdimensionné ».
Un politologue tchadien, qui préfère garder l’anonymat, souligne que cet échange épistolaire met en lumière la division persistante au sein de la famille Itno, trois ans après la mort d’Idriss Déby père. Il rappelle qu’un autre membre de la fratrie a choisi de soutenir l’opposant Yaya Dillo, tué lors d’un raid policier l’année dernière, tandis qu’un quatrième frère a fondé sa propre formation politique. Ce même analyste conclut avec regret : « Il est dommage que les Itno ne parviennent plus à régler leurs différends en famille, comme ils le faisaient autrefois sous l’autorité de leur père. »
Ainsi, cette querelle familiale ne fait pas que révéler des tensions personnelles ; elle illustre également les fractures profondes au sein du paysage politique tchadien, où les luttes de pouvoir et les rivalités fraternelles se mêlent à l’avenir incertain du pays.
Thom Biakpa