Le président rwandais Paul Kagame (à gauche), le président angolais João Lourenço (au centre) et le président congolais Félix Tshisekedi (à droite), à Luanda le 6 juillet 2022, lors des pourparlers sur la violence dans l’est de la RDC/ AFP
Après plus de deux ans d’efforts de médiation entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, l’Angola a officiellement annoncé la cessation de son rôle de médiateur. Cette décision a été communiquée par la présidence angolaise, le lundi 24 mars. Deux mois après avoir pris la présidence de l’Union africaine (UA), le président João Lourenço a jugé qu’il était temps pour l’Angola de se concentrer sur des priorités continentales telles que la paix, le développement des infrastructures, le commerce, la santé publique et les réparations pour les Afro-descendants.
Le retrait de l’Angola s’explique principalement par deux échecs notables dans le cadre de sa médiation. Le premier incident remonte à décembre dernier, lorsque Félix Tshisekedi, président congolais, s’est rendu à Luanda pour une rencontre avec son homologue rwandais, Paul Kagame, qui ne s’est finalement pas présenté. À cette époque, le Rwanda insistait sur la nécessité d’un dialogue direct entre Kinshasa et l’AFC/M23. Cependant, trois mois plus tard, Tshisekedi a rencontré Kagame à Doha, au Qatar, une rencontre qui a surpris le chef de la diplomatie angolaise, Antonio Tete, qui a exprimé son étonnement publiquement.
Le second échec s’est produit lors d’une tentative de dialogue le 18 mars dernier entre Kinshasa et l’AFC/M23. Bien que Kinshasa ait été présent, les rebelles du M23 ont choisi de boycotter les discussions en signe de protestation contre les sanctions européennes imposées à certains de leurs dirigeants. Par ailleurs, une méfiance croissante entre Kigali et Luanda a rendu la médiation de plus en plus complexe.
Désignation d’un Nouveau Médiateur
La présidence angolaise a annoncé son intention de collaborer avec la Commission de l’Union africaine pour désigner un nouveau chef d’État africain qui prendra en charge le rôle de médiateur. Ce nouveau médiateur devra travailler en étroite collaboration avec des organisations régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
Un sommet virtuel prévu le 24 mars devrait officialiser la fusion des processus de médiation de Luanda et de Nairobi, dans le but d’établir une approche unifiée. Cette initiative vise à clarifier les prochaines étapes du processus de paix.
Enfin, il convient de noter le rôle discret mais persistant du Qatar, dont l’émir continue demaintenir des contacts entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, contribuant ainsi à la recherche d’une solution pacifique à ce conflit complexe.
Thom Biakpa