Laurent Gbagbo et son épouse Nady Gbagbo, lors de la fête de la renaissance à Dabou, le 12 avril 2025 / AFP
Le samedi 12 avril 2025, à l’occasion de la Fête de la Renaissance organisée par le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), l’ancien président Laurent Gbagbo a prononcé un discours percutant et engagé devant une foule enthousiaste réunie à Dabou, une banlieue abidjanaise. Cet événement, bien que festif, s’est rapidement transformé en une véritable tribune politique, où Gbagbo a réaffirmé son attachement indéfectible à la démocratie, à la souveraineté nationale et à la nécessité d’élections transparentes.
Dans son allocution, Gbagbo a tenu à saluer plusieurs personnalités et représentants de partis politiques, témoignant ainsi de son désir d’unité. Il a notamment mentionné le SDF, parti frère du Burkina Faso, représenté par Sylvain Bouma, ainsi que Herman Bounaud, représentant du PPA-CI au Bénin et président de l’ACI Bénin. Il a également remercié les partis politiques de l’opposition présents, notamment le PDCI, le FPI et le PIT.
Le choix de Dabou n’était pas anodin. Gbagbo a rappelé que c’est dans cette ville qu’il avait tenu, en 1988, son congrès clandestin pour la création du FPI, le premier parti d’opposition ivoirienne. Il a également évoqué ses liens avec des figures locales influentes, telles que l’intellectuel Memel Foteh, professeur au Collège de France, et son ami d’enfance Bedi Diobo.
Le point culminant de son discours a été une critique acerbe de l’actuelle Commission électorale indépendante (CEI), que Gbagbo a qualifiée de « boiteuse » et de « partisane ». Il a dénoncé les manipulations électorales passées, citant le cas de Beugré Mambé, ancien président de la CEI, accusé d’avoir falsifié les listes électorales en 2010. L’ancien président a justifié le retrait de Demba Traoré, représentant du PPA-CI, de la CEI, affirmant qu’il ne participerait pas à un processus électoral biaisé. « Nous irons aux élections, nous les gagnerons, mais pas avec une CEI qui vote à la place des citoyens », a-t-il déclaré avec fermeté.
Gbagbo a élargi son propos en abordant la question de la souveraineté économique et politique, dénonçant la dépendance de la Côte d’Ivoire vis-à-vis des puissances étrangères. Il a pris l’exemple du cacao, dont le prix est plus élevé au Cameroun qu’en Côte d’Ivoire, pour illustrer l’injustice subie par les producteurs ivoiriens. Il a également exprimé son soutien aux enseignants en grève, affirmant que « la prison est faite pour les malfrats, pas pour les citoyens qui réclament leurs droits ».
En conclusion, Gbagbo a annoncé la convocation du comité central du PPA-CI dans deux semaines pour analyser la situation politique et prendre des décisions stratégiques. Il a appelé ses partisans à rester mobilisés et prêts à agir selon les mots d’ordre à venir.
L’ancien chef d’État a également réitéré son ouverture à toutes les forces politiques désireuses d’un changement pacifique, insistant sur l’importance de l’unité au-delà des clivages partisans : « Moi, président, j’ai reçu tout le monde, même ceux qui n’étaient pas de mon bord. Car ils sont Ivoiriens. »
Avec ce discours, Laurent Gbagbo confirme son retour sur la scène politique en tant que figure centrale de l’opposition, déterminé à jouer un rôle significatif dans les prochaines échéances électorales. Sa volonté de rassembler et de défendre les droits des Ivoiriens pourrait bien redéfinir le paysage politique du pays dans les mois à venir.
Thom Biakpa