Les relations entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune se sont à nouveau détériorées/ SIPA
Les relations entre la France et l’Algérie connaissent une nouvelle escalade. Le 14 avril 2025, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé que les autorités algériennes avaient ordonné à douze agents de l’ambassade de France de quitter le territoire dans un délai de 48 heures. Cette décision fait suite à l’arrestation de trois ressortissants algériens en France, accusés d’être impliqués dans l’enlèvement de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors, survenu il y a un an.
Jean-Noël Barrot a exprimé son inquiétude face à cette mesure, la qualifiant d‘« injustifiée » et sans rapport avec les faits qui ont conduit à l’arrestation des trois Algériens, qui ont été mis en examen le 11 avril à Paris. Il a appelé les autorités algériennes à renoncer à ces expulsions, soulignant que si la décision était maintenue, la France n’aurait d’autre choix que de réagir immédiatement.
Cette situation survient à peine une semaine après la visite de Jean-Noël Barrot à Alger, qui avait laissé entrevoir une période d’apaisement dans les relations bilatérales. Cependant, le climat s’est rapidement détérioré, certains agents concernés étant des fonctionnaires du ministère français de l’Intérieur, selon des sources diplomatiques.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi en dénonçant ce qu’il qualifie de « cabale judiciaire inadmissible », attribuant la responsabilité de cette tournure des événements au ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier est accusé d’avoir exacerbé les tensions alors que les deux pays semblaient amorcer une phase de décrispation, notamment grâce à un entretien téléphonique entre les présidents des deux nations.
Les trois Algériens arrêtés sont poursuivis pour des charges graves, notamment l’arrestation, l’enlèvement, la séquestration et la détention arbitraire, en lien avec une entreprise terroriste. Ils ont été placés en détention provisoire, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la nature des accusations portées contre eux.
Les tensions entre Paris et Alger, bien que récurrentes, semblent atteindre un nouveau sommet. Des sources diplomatiques affirment que les contacts entre les deux pays sont maintenus, mais le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, Hasni Abidi, souligne que cette situation représente un coup dur pour le dialogue initié par Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrot. Il note que les arrestations pourraient indiquer une résistance au sein du ministère de l’Intérieur français à laisser l’Élysée et le Quai d’Orsay s’impliquer davantage dans le dossier algérien.
En somme, cette nouvelle crise met en lumière les tensions persistantes qui caractérisent les relations entre la France et l’Algérie, laissant planer des incertitudes sur l’avenir de leur coopération.
Thom Biakpa