Un membre des FAMa , lors d’une patrouille sur une route dans la région centrale du Mali/ Getty Images
Au Mali, l’inquiétude grandit parmi les familles des personnes enlevées par l’armée malienne et les mercenaires du groupe Wagner, le 12 avril dernier, dans l’ouest du pays. Cette angoisse a été ravivée par la macabre découverte de treize corps en état de décomposition avancée, retrouvés près du camp militaire de Kwala, dans la nuit de lundi à mardi.
La scène est tragique. Les corps, filmés par des habitants, étaient dans un état tel que seule une identification a pu être faite. « J’ai reconnu un homme de la communauté Maure arrêté à Sébabougou, témoigne un habitant. Je l’ai identifié grâce à l’amulette qu’il portait et à ses cheveux. »
L’identification des autres corps s’avère presque impossible. Un témoin de la découverte explique : « Ils étaient tous dans un état de décomposition avancé, rendant leur identification très difficile. Seuls des proches peuvent les reconnaître, que ce soit par leurs vêtements ou leurs chaussures. Sinon, il est impossible de les identifier. Certains corps étaient même encore ligotés malgré leur décomposition. »
Ce même témoin ajoute que des hélicoptères survolaient la zone, incitant les habitants à fuir sur les conseils des aînés qui les accompagnaient.
Le silence des autorités
Depuis le 12 avril, environ soixante personnes, principalement issues de la communauté peule, auraient été arrêtées à Sébabougou par l’armée malienne et ses alliés russes. L’angoisse des familles s’intensifie, en l’absence d’informations officielles. Un proche de deux personnes arrêtées témoigne : « Ma plus grande préoccupation est d’avoir des nouvelles de mon cousin et de mon frère, enlevés par l’armée malienne. Qu’ils soient morts ou vivants, je suis inquiet. Mais nos mères le sont encore plus. L’année dernière, le père de mon cousin a été tué par l’armée malienne. Il ne reste que sa mère et son épouse. Mon frère avait également été arrêté l’année dernière à Sébabougou, avant d’être relâché, ce qui accroît notre inquiétude ! »
À ce jour, l’armée malienne n’a émis aucune déclaration concernant ces arrestations ni sur la découverte des corps. Cette région frontalière, située aux confins de Koulikoro, Nara et Nioro du Sahel, est secouée depuis plusieurs années par des combats entre l’armée malienne et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), ainsi que par la présence active des mercenaires russes du groupe Wagner.
Cette situation tragique souligne l’urgence d’une réponse humanitaire et d’une clarification des événements pour apaiser les craintes des familles touchées par cette violence.
Thom Biakpa