Au Sénégal, les licenciements décidés par les nouvelles autorités dans les structures publiques et parapubliques, ne sont pas du goût des syndicats/ Photo: Seneplus
Le 1er mai, journée internationale des travailleurs, a été marquée par une mobilisation sans précédent au Sénégal. Pour la première fois depuis l’indépendance, toutes les centrales syndicales du pays se sont unies pour manifester devant le siège de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal à Dakar. Ce rassemblement, qui a réuni plusieurs centaines de travailleurs, a été organisé pour exprimer leur opposition aux licenciements récents dans la fonction publique, une situation jugée « inédite » par les syndicats.
Un climat de mécontentement
Un an après l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités, les promesses sociales faites par le gouvernement semblent s’éloigner. Les conditions de vie des Sénégalais se sont détériorées, avec une augmentation du coût de la vie et une réduction du pouvoir d’achat. Un employé de la marine marchande a déclaré : « On nous demande d’être patients, mais après un an, un cinquième des promesses ont été réalisées. » Cette frustration croissante alimente le mécontentement général et renforce la détermination des syndicats à défendre les droits des travailleurs.
Les licenciements dans la fonction publique
Les syndicats dénoncent les licenciements de plus de 400 agents en contrat à durée indéterminée (CDI) dans la fonction publique. Ils exigent la réintégration de ces fonctionnaires, faisant de cette revendication un préalable à la signature d’un pacte social proposé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Cette situation a exacerbé les tensions entre les autorités et les syndicats, qui souhaitent désormais s’exprimer d’une seule voix pour défendre leurs intérêts.
Revendications des syndicats
Outre la réintégration des agents licenciés, les syndicats ont formulé d’autres revendications majeures. Ils demandent de meilleures conditions de travail pour les agents publics de la santé, notamment une indemnité de logement. Dans le secteur de l’éducation, il est également question de revaloriser les retraites des agents contractuels afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes versements que les professeurs fonctionnaires.
Un pacte social en négociation
Les syndicats ont déposé l’ensemble de leurs doléances devant le président ce 1er mai, espérant être entendus. Depuis fin février, des négociations autour d’un pacte social ont été entamées avec le gouvernement. Proposé par Ousmane Sonko, ce pacte pourrait signifier une trêve précieuse de trois ans dans les manifestations, avec près de 100 points à discuter.
En échange, les syndicats espèrent obtenir des garanties pour les travailleurs, notamment la fin des licenciements dans la fonction publique. La signature de ce pacte pourrait être un tournant dans les relations entre les autorités et les syndicats, mais reste à voir si les revendications des travailleurs seront prises en compte.
La mobilisation des syndicats au Sénégal témoigne d’un climat de mécontentement croissant face à la gestion des ressources humaines dans la fonction publique. Alors que les travailleurs expriment leurs préoccupations et leurs revendications, l’avenir des relations entre les autorités et les syndicats dépendra de la capacité du gouvernement à répondre à ces attentes. La signature d’un pacte social pourrait offrir une opportunité de dialogue, mais les syndicats restent vigilants et déterminés à défendre les droits des travailleurs.
Thom Biakpa