Agathe Habyarimana à Paris, en France, le 3 novembre 2020 / AFP
Dix jours après la décision de clore une nouvelle fois l’enquête en France sans mise en examen d’Agathe Habyarimana, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, le lundi 26 mai, avoir fait appel de l’ordonnance des juges d’instruction. Ces derniers avaient justifié leur refus de poursuivre la veuve de l’ancien président rwandais, assassiné en 1994, pour « complicité de génocide ».
Ce développement marque un nouveau tournant dans une affaire qui s’étend sur plusieurs années. Le 16 mai, les juges d’instruction avaient rendu une ordonnance de refus d’actes, concluant qu’il « n’existe pas, à ce stade, d’indices […] montrant que [la veuve de l’ancien président hutu] ait pu être complice d’acte de génocide ». Agathe Habyarimana, aujourd’hui âgée de 82 ans, est sous le statut de témoin assisté depuis 2016 dans cette enquête ouverte en 2008. Bien qu’elle échappe pour l’instant à un procès, des associations de victimes la désignent comme l’une des figures clés de l‘« akazu », le cercle restreint du pouvoir hutu impliqué dans l’orchestration du génocide.
Une « stratégie dilatoire » dénoncée
Alors que la chambre de l’instruction doit à nouveau se prononcer sur la mise en examen d’Agathe Habyarimana, son avocat, Me Philippe Meilhac, critique ce qu’il considère comme un acharnement judiciaire. Il déplore la multiplication des étapes dans cette procédure, qualifiant l’action du parquet de « manœuvre désespérée » visant à retarder le jugement. « La prochaine étape attendue est que le juge d’instruction puisse rendre son ordonnance, ce qui permettra de rendre justice et de restaurer l’honneur de ma cliente », a-t-il déclaré.
Du côté des parties civiles, bien que l’on regrette la lenteur de la procédure, l’espoir d’un procès demeure. Me Richard Gisagara, avocat des victimes, souligne : « Les victimes sont les premières à déplorer la durée de cette affaire, mais nous espérons toujours qu’Agathe Habyarimana puisse répondre des accusations qui pèsent sur elle devant la justice. »
Cette affaire continue de susciter des attentes et des débats, tant sur le plan judiciaire que sur celui de la mémoire des victimes du génocide.
Thom Biakpa