Tidjane Thiam à Billon : » L’héritage ne fait pas tout en politique »/AFP
Dans une interview exclusive accordée à Alain Foka le 27 juillet 2025 sur AFO Média, Tidjane Thiam, ancien patron de Credit Suisse et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne, a abordé sans détour ses relations avec Jean-Louis Billon, un autre acteur clé de l’opposition libérale face au pouvoir d’Alassane Ouattara. Thiam a affirmé : « Je respecte Jean-Louis Billon en tant qu’entrepreneur, mais nos visions politiques diffèrent fondamentalement. »
Cette déclaration intervient alors que les deux hommes sont souvent présentés comme des rivaux potentiels pour incarner l’opposition. Exilé à Paris, Thiam a choisi de clarifier sa position vis-à-vis de Billon, soulignant les enjeux de leadership au sein de l’opposition ivoirienne.
Une vision divergente
Tidjane Thiam a critiqué l’idée que l’avenir de la Côte d’Ivoire puisse se construire uniquement sur des héritages familiaux. « Jean-Louis Billon représente une génération d’entrepreneurs que je respecte, mais l’avenir de notre pays ne peut se fonder que sur le mérite », a-t-il déclaré. Cette philosophie politique, qui privilégie l’expérience internationale sur les réseaux traditionnels, se distingue des pratiques habituelles de la classe dirigeante ivoirienne, souvent dominée par des dynasties économiques.
Thiam estime que cette approche est un atout face à un électorat en quête de renouvellement. Selon lui, les Ivoiriens souhaitent des dirigeants choisis pour leurs compétences plutôt que pour leurs liens familiaux. Il a précisé que, bien que Billon dispose d’atouts considérables, ceux-ci ne suffisent plus dans le contexte politique actuel.
Stratégies opposées face au pouvoir
L’interview a également mis en lumière les divergences stratégiques entre Thiam et Billon face au régime d’Alassane Ouattara. Tandis que Thiam se positionne comme un opposant radical, Billon maintient des relations plus nuancées avec le pouvoir. « Nos méthodes diffèrent autant que nos objectifs », a-t-il déclaré, soulignant que là où Billon privilégie la négociation, lui revendique une rupture nette avec le système existant.
Thiam a ironisé sur le fait qu’on ne peut pas critiquer le système tout en cherchant ses faveurs, une allusion aux relations d’affaires que l’empire SIFCA entretient avec l’État ivoirien. Cette divergence dépasse les simples questions de personnes et touche aux conceptions du changement politique.
L’enjeu du rassemblement de l’opposition
Malgré ces différences, Thiam n’exclut pas une collaboration future avec Billon, affirmant que « la Côte d’Ivoire a besoin de toutes ses compétences, y compris celles de Jean-Louis ». Il reconnaît les qualités de gestionnaire de son rival, mais insiste sur le fait que cette expertise sectorielle ne suffit pas pour diriger un pays de plus de 28 millions d’habitants.
La question du leadership de l’opposition reste donc ouverte entre ces deux profils complémentaires mais concurrents. Tidjane Thiam mise sur sa stature internationale, tandis que Jean-Louis Billon s’appuie sur ses réseaux locaux et son enracinement économique.
Accusations contre Alassane Ouattara
Dans le même entretien, Tidjane Thiam a également évoqué sa relation avec le président Alassane Ouattara, qu’il accuse de trahison. Exclu des listes électorales pour « perte de nationalité », Thiam conteste cette décision qu’il juge illégale. Il a révélé que Ouattara lui avait promis en 2022 de ne pas se représenter en 2025, une promesse qu’il considère comme une trahison personnelle.
Thiam a également dénoncé un « climat de terreur » orchestré par le pouvoir en place, évoquant des menaces directes contre sa personne qui l’empêchent de rentrer en Côte d’Ivoire. Il a déclaré : « Ils ont tenté de m’éliminer physiquement. Je crains pour ma vie si je rentre maintenant. »
Cette situation rappelle celle d’autres opposants exclus, comme Laurent Gbagbo ou Guillaume Soro, et souligne les tensions croissantes dans le paysage politique ivoirien à l’approche des élections de 2025. Tidjane Thiam semble déterminé à incarner l’alternative au système Ouattara, avec ou sans Jean-Louis Billon.
Thom Biakpa
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