Brice Oligui Nguema, président du Gabon/ Wikimedia
Deux ans après le renversement du président Ali Bongo, le gouvernement gabonais sous le leadership du président Brice Oligui Nguema, a annoncé une série de décisions majeures touchant à la politique, à l’économie et à l’emploi. Lors d’un communiqué officiel, les autorités ont décrété une amnistie générale en faveur des membres du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), à l’origine du coup d’État du 30 août 2023. Cette mesure s’étend également aux auteurs de la tentative de putsch survenue le 7 janvier 2019.
Amnistie générale : vers une réconciliation nationale ?
Cette décision d’amnistie vise à apaiser les tensions et à favoriser un climat de réconciliation nationale, dans un contexte où le Gabon cherche à tourner la page des instabilités politiques passées. En effaçant les poursuites judiciaires contre les membres du CTRI et les auteurs de la tentative de 2019, le gouvernement affirme vouloir « consolider la paix » et « engager une nouvelle ère de gouvernance ».
Réformes économiques : fin des exonérations et contrôle des dépenses
Sur le plan économique, les autorités ont également décidé de mettre fin à de nombreuses exonérations fiscales jusque-là accordées à certaines entreprises ou secteurs. Le gouvernement souhaite ainsi élargir l’assiette fiscale et améliorer la transparence dans la gestion des finances publiques. Une mesure de contrôle renforcé a aussi été annoncée pour assurer une meilleure traçabilité des dépenses publiques, dans le but de lutter contre la corruption et les détournements de fonds.
Réservation des petits métiers aux Gabonais : une mesure protectionniste assumée
Dans une autre décision marquante, le gouvernement a annoncé que plusieurs métiers seront désormais réservés exclusivement aux citoyens gabonais. Sont concernés notamment la coiffure et l’esthétique, la réparation de téléphones portables, l’orpaillage artisanal, ainsi que plusieurs autres petits métiers. Cette mesure exclut donc les ressortissants étrangers de ces activités, très répandues dans le secteur informel.
Selon les autorités, l’objectif est double : protéger l’emploi local et formaliser ces activités, afin qu’elles contribuent davantage à la croissance économique. « Ces métiers, souvent considérés comme marginaux, peuvent devenir de véritables leviers de développement s’ils sont bien encadrés », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Ces annonces témoignent d’une volonté de rupture avec les pratiques du passé. Le gouvernement cherche à imprimer un nouveau cap, à la fois en matière de gouvernance politique et de gestion économique. Si ces décisions sont bien accueillies par une partie de la population, elles ne manqueront pas de susciter des débats, notamment sur la mise en œuvre concrète des réformes et leur impact sur les communautés étrangères vivant au Gabon.
Thom Biakpa