Georges Weah, ancien président libérien/ Wikipédia
Le Liberia est en émoi alors que le Congress for Democratic Change (CDC), le parti de l’ancien président George Weah, fait face à une menace d’expulsion de son siège historique situé à Congo Town, à Monrovia. La Cour suprême a ordonné cette expulsion après des années de litige avec la propriétaire du terrain. Pour de nombreux partisans, ce lieu, marqué par un sycomore centenaire, est le symbole vivant de l’histoire du CDC. Cependant, cette situation ne se limite pas à une simple querelle immobilière ; elle met en lumière la fragilité des partis politiques au Liberia, souvent incapables de posséder leurs propres sièges.
Ce n’est pas la première fois qu’un grand parti libérien subit une telle humiliation. En 2021, l’Unity Party, dirigé par Joseph Boakai, avait déjà été expulsée de son siège dans le même quartier pour un non-paiement de 150 000 dollars de loyers. Cette répétition souligne une problématique structurelle au sein des partis politiques libériens.
Pour l’analyste Abdullah Kiatamba, l’expulsion du CDC représente une perte symbolique majeure. “C’est le siège historique du CDC, là où George Weah a remporté les élections. Il est unique et reste dans le cœur des partisans, avec ce fameux sycomore, l’arbre emblématique où l’on venait parler de la vision du CDC et rallier les jeunes,” explique-t-il. En effet, ce lieu a été le théâtre de nombreux moments décisifs de l’histoire du parti, marquant son identité et son engagement envers ses partisans.
Cependant, cette crise est également perçue comme un échec de leadership. Malgré des ressources financières significatives, les responsables du CDC ont échoué à résoudre ce litige et à sécuriser leur siège. Alors que des investissements ont été réalisés dans d’autres projets, comme la construction de villas et de palais, le parti n’a pas réussi à garantir la pérennité de son siège. Ce manque de prévoyance est considéré comme un signe de faiblesse politique.
La situation actuelle a également ravivé les tensions entre le CDC et l’Unity Party, l’expulsion devenant un sujet de moquerie pour les deux camps. L’activiste Maxson Kpakio souligne la fragilité structurelle des partis, notant qu’entre 80 et 90 % des partisans ne paient pas de cotisations. “Dans ces conditions, comment exiger des comptes ? C’est comme si tout le monde restait silencieux sur le fonctionnement des partis,” déclare-t-il.
En réponse à cette décision de justice, le CDC a annoncé son intention de contester l’expulsion. En attendant, le parti se prépare à une transition vers un nouveau siège national, cherchant à préserver son identité et son héritage politique face à cette crise.
Ainsi, cette affaire ne se limite pas à une simple expulsion, mais soulève des questions essentielles sur la solidité et la structure des partis politiques au Liberia, qui doivent naviguer dans un environnement complexe et souvent instable.
Thom Biakpa