Joseph Kabila, ancien président de la RDC/ Reuters
L’ancien président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, a rompu son silence à la suite de la réquisition de peine de mort prononcée contre lui le 22 août dernier. Jugé par contumace par la Haute Cour militaire, Kabila se voit accusé de complicité avec le groupe armé AFC/M23, soutenu par le Rwanda, ainsi que de trahison, de complot, de crimes de guerre, de viols et d’autres délits graves. Dans un communiqué, l’ancien chef d’État a critiqué son successeur, Félix Tshisekedi, tout en interpellant la communauté internationale sur la situation politique en RDC.
« Je m’exprime non par faiblesse ni par peur pour mon avenir personnel, mais par une profonde inquiétude pour l’avenir de mon pays », a déclaré Kabila. Il a dénoncé la levée de son immunité parlementaire par le Sénat en mai, qu’il considère comme illégale et inconstitutionnelle. Kabila rejette fermement toutes les accusations qui pèsent sur lui, affirmant qu’aucune preuve substantielle n’a été présentée pour justifier ces charges.
L’ancien président qualifie ces allégations de « mensongères et politiquement motivées », les attribuant à un leadership qui cherche désespérément à esquiver ses propres responsabilités. « Ce procès n’a rien à voir avec la justice », a-t-il affirmé le 2 septembre, soulignant que l’objectif est de « réduire au silence l’opposition, écarter un acteur politique majeur de la scène nationale et permettre au régime de gouverner sans partage et de façon indéfinie », tout en évoquant une possible « modification de la Constitution ».
Kabila élargit ensuite son propos au-delà de son cas personnel. « Au cours des quatre dernières années, plusieurs dizaines d’officiers supérieurs de l’armée et de la police ont été arrêtés et détenus sans procès », a-t-il dénoncé. Il a également accusé la famille de Félix Tshisekedi et ses alliés d’être impliqués dans le pillage des ressources minières, notamment dans la région du Katanga.
Concernant les processus de paix, l’ancien président se montre sceptique. Malgré un accord récemment signé avec le Rwanda, il souligne que « le sang continue de couler ». Sa conviction est claire : « La réconciliation ne peut pas être obtenue par des accords partiels ou des procès sélectifs. Elle nécessite un véritable dialogue impliquant toutes les parties prenantes. »
En réponse, le camp présidentiel a fermement rejeté toute possibilité de discussion avec Kabila. Félix Tshisekedi a récemment réaffirmé sa position, qualifiant certains Congolais de « traîtres à la solde des voisins », qu’il faut combattre avec détermination. Cette situation met en lumière les tensions persistantes au sein de la classe politique congolaise, alors que le pays continue de faire face à de nombreux défis.
Thom Biakpa