Les Jihadistes continuent de contrôler la localité de Kayes au Mali/ AFP
Le dimanche 14 septembre, la situation sécuritaire au Mali a connu une escalade inquiétante avec une attaque menée par des jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) contre un convoi de camions-citernes en provenance du Sénégal, escorté par l’armée. Cette offensive s’inscrit dans un contexte de blocus imposé par le JNIM dans la région de Kayes depuis le 3 septembre.
Les jihadistes, circulant à moto, ont ciblé plus de 80 camions-citernes qui circulaient entre Kaniéra et Lakamané, dans la zone de Kayes-Nioro du Sahel. Une attaque similaire a eu lieu la veille, lorsque des camions sous escorte militaire ont été attaqués entre Diédiéni et Kolokani, à environ 100 kilomètres de Bamako. Selon des sources sécuritaires et civiles, au moins une vingtaine de ces camions, chargés de carburant, ont été incendiés, bien que certaines estimations avancent un nombre encore plus élevé. Le JNIM a diffusé des images montrant les camions en flammes, témoignant de la violence de l’assaut.
Les forces armées maliennes, chargées de protéger le convoi, ont été contraintes de se replier, laissant derrière elles les camions, ce qui a entraîné des pertes en vies humaines et des militaires capturés. Les sources locales évoquent un « cafouillage total » dans la gestion de la situation, rendant difficile l’obtention d’un bilan précis.
Dans une déclaration à la presse, l’État-major de l’armée a promis une « réaction vigoureuse » sans fournir de détails supplémentaires. Le journal d’État, l’Essor, a titré en première page sur l’« offensive d’envergure » de l’armée malienne, évoquant un « déluge de feu » sur les groupes terroristes. Ces derniers jours, l’armée a intensifié ses bombardements aériens et ses patrouilles dans les zones de Kayes et Nioro du Sahel, affirmant avoir « neutralisé » plusieurs dizaines de jihadistes. Cependant, l’armée malienne dément l’existence d’un blocus, qualifiant cela de « derniers soubresauts d’un ennemi aux abois » et affirmant avoir la situation sous contrôle.
Parallèlement, le JNIM a réitéré son blocus à Kayes et Nioro, menaçant de cibler spécifiquement les véhicules sous escorte militaire et mettant en garde les opérateurs de camions-citernes. Ce groupe a également exprimé son intention d’entraver l’importation de carburant dans le pays.
Dans un autre développement, le JNIM a revendiqué la prise de contrôle d’une caserne de l’armée à Konna, dans la région de Mopti, et a annoncé l’instauration d’un blocus sur le marché local. De plus, le groupe a déclaré avoir conquis un poste militaire à Djenné, également dans la région de Mopti. Aucune information fiable n’a été communiquée concernant le nombre de militaires maliens tués lors de ces attaques, et l’armée n’a pas fait de commentaires à ce sujet.
Cette escalade de violence illustre la fragilité de la situation sécuritaire au Mali et les défis auxquels l’armée nationale est confrontée face à des groupes jihadistes de plus en plus audacieux.
Thom Biakpa