Succès Masra détenu depuis quatre mois au Tchad/ JA
Depuis quatre mois, Succès Masra, un opposant politique et fondateur du parti Les Transformateurs, est incarcéré au Tchad. Arrêté à son domicile dans la matinée du 16 mai, il a été condamné le 9 août à une peine de 20 ans de prison ferme, ainsi qu’à payer 1 milliard de francs CFA en dommages et intérêts. Les charges retenues contre lui incluent la diffusion de messages à caractère haineux et xénophobe, ainsi que la complicité de meurtre dans le cadre de l’affaire de Mandakao, un massacre qui a coûté la vie à une quarantaine de personnes dans un village du Sud du pays, deux jours avant son arrestation.
La situation de Succès Masra suscite une profonde inquiétude au sein de sa famille, de ses défenseurs et de ses militants. Chancelle Assyongar, sa sœur, a déclaré : « Notre mère est prête à prendre la place de son fils en prison. » Elle décrit son frère comme un « otage judiciaire », arguant qu’il a été enlevé sans mandat d’arrêt et condamné sans preuve de lien de causalité avec les événements tragiques de Mandakao.
Les conditions de détention de Masra soulèvent également des préoccupations. Selon sa sœur, il n’a la possibilité de voir que ses avocats et ne peut pas recevoir la visite de sa famille. Une demande a été faite pour que leur mère puisse célébrer son anniversaire avec lui, mais celle-ci a été rejetée. De plus, son médecin a sollicité la réalisation d’analyses médicales, ce qui a également été refusé par le gouvernement. Chancelle Assyongar souligne que ces actions visent à dissuader toute personne souhaitant dénoncer des injustices au Tchad.
Elle appelle la communauté internationale à ne pas rester passive face à cette situation. « Il est crucial que le monde ne ferme pas les yeux sur le cas de Succès Masra, car ce n’est pas un cas isolé », conclut-elle, mettant en lumière la nécessité d’un soutien international pour la défense des droits de l’homme et des libertés politiques au Tchad.
L’arrestation de Succès Masra et sa condamnation soulignent les tensions croissantes entre le gouvernement tchadien et l’opposition, ainsi que les défis auxquels sont confrontés ceux qui osent critiquer le régime en place. Sa famille et ses partisans continuent de revendiquer sa libération et appellent à une prise de conscience mondiale sur les atteintes aux droits humains dans le pays.
Thom Biakpa