Laurent Gbagbo se dit déterminé à empêcher un 4è mandat de Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire/ Wikimedia
Dans une déclaration solennelle lue ce jeudi 18 septembre à Abidjan par sa porte-parole, Me Habiba Touré, l’ancien Président de la République, Laurent Gbagbo, s’est fermement opposé à la décision du Conseil Constitutionnel validant la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat présidentiel. Une décision qu’il qualifie de « violation manifeste de la Constitution » et de « grave menace pour la démocratie ivoirienne. »
Devant la presse nationale et internationale, le leader du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a dressé un constat alarmant du processus électoral en cours. Il a dénoncé l’exclusion de la majorité des candidats à la présidentielle du 25 octobre 2025 : sur 60 dossiers déposés, seuls 5 ont été retenus, écartant notamment les figures majeures de l’opposition.
Un processus électoral jugé « biaisé et verrouillé »
Laurent Gbagbo a révélé avoir consulté plusieurs des candidats recalés, afin d’envisager une réponse commune à ce qu’il considère comme une « dérive institutionnelle sans précédent. » Deux options ont alors émergé : soutenir l’un des rares candidats validés — une idée rapidement abandonnée, faute de consensus et de légitimité — ou engager une résistance démocratique, voie que l’ancien président entend désormais emprunter.
« Notre adversaire, ce n’est pas tel ou tel candidat. C’est le régime RHDP, dirigé par Alassane Ouattara, qui cherche à transformer la Côte d’Ivoire en un royaume personnel », a-t-il lancé avec force.
Gbagbo a appelé à une mobilisation citoyenne pacifique, fondée sur les principes de l’État de droit, la souveraineté populaire et le respect de la Constitution. Il a averti des dangers que représente, selon lui, une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara, en évoquant les lourdes séquelles de la crise post-électorale de 2010-2011.
« Les cicatrices de cette période ne se sont pas refermées. Nous avons le devoir historique de transmettre à la Côte d’Ivoire une nation réconciliée, apaisée et démocratique », a-t-il déclaré.
Un appel à la mobilisation populaire et à la vigilance institutionnelle
S’adressant aux citoyens ivoiriens, Laurent Gbagbo a lancé un appel à la mobilisation démocratique, dans un discours aux accents de résistance pacifique :
« Unis, nous serons plus forts que la peur. Déterminés, nous serons plus forts que la répression. Mobilisés, nous serons plus forts que toutes les manœuvres », a-t-il proclamé.
L’ancien président a également interpellé les institutions nationales, les appelant à remplir leur rôle républicain en toute indépendance :
« Les institutions tirent leur légitimité du peuple, pas d’un pouvoir exécutif. Gouverner, ce n’est pas s’éterniser au pouvoir. Gouverner, c’est préparer la paix, respecter la Constitution et servir le peuple », a-t-il martelé.
Une bataille politique pour l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire
Pour Laurent Gbagbo, cette élection dépasse largement le cadre d’un simple scrutin présidentiel. Elle représente un tournant crucial pour l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire.
« Le peuple seul détient le droit de dire qui doit le gouverner. Lui retirer ce droit, c’est condamner notre pays à l’instabilité. Le lui restituer, c’est ouvrir la voie à la paix, à la réconciliation et à la dignité nationale. »
La ligne est donc tracée : la bataille pour la démocratie est ouverte, et le camp Gbagbo entend la mener avec détermination, sur le terrain politique, dans le strict respect des principes pacifiques, mais avec une mobilisation de tous les instants.
Thom Biakpa