Brenda Biya, très remontée contre son père/ Wikipédia
Un coup de tonnerre secoue la scène politique camerounaise à moins d’un mois de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Brenda Biya, fille unique du président sortant Paul Biya, a appelé publiquement les Camerounais à ne pas renouveler le mandat de son père. Une prise de position inattendue, relayée dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, qui bouscule les cercles du pouvoir et attise les débats sur l’avenir politique du pays.
Dans une vidéo postée sur TikTok, la jeune femme de 27 ans, visiblement émotive et filmée depuis une chambre d’hôtel, livre un témoignage personnel poignant. Elle y dénonce un sentiment profond d’abandon, évoquant des années de maltraitance et de solitude infligées, selon elle, par sa propre famille. Son récit intime prend rapidement un tournant politique :
« Ne votez pas Paul Biya. Il a fait souffrir beaucoup de gens, y compris sa propre famille. J’espère qu’on aura un autre président. »
Une déclaration qui fait l’effet d’une bombe dans un pays où la parole présidentielle reste verrouillée, et où la famille au pouvoir se veut d’ordinaire unie et silencieuse face aux critiques. Les réactions n’ont pas tardé : les opposants y voient un acte de courage, saluant le franc-parler de Brenda Biya, désormais perçue comme une figure de rupture au sein même du clan présidentiel.
Cette sortie n’est pas la première à mettre en lumière le malaise entre Brenda Biya et son environnement familial. Déjà en juillet 2024, elle avait choqué l’opinion en affirmant publiquement son homosexualité, dans un pays où l’homophobie d’État reste fortement ancrée. Son coming-out, salué à l’international, avait été perçu comme un acte de défi envers le pouvoir conservateur de Yaoundé.
Face à cette nouvelle sortie, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a réagi par la voix de l’un de ses communicateurs, Patrick Rifoe, dénonçant « l’abjection qui consiste à exploiter à des fins politiciennes la détresse d’une jeune femme, fut-elle fille du président de la République ». Toutefois, le même responsable y voit aussi, paradoxalement, « la preuve du caractère démocratique de la famille présidentielle ».
À quelques semaines d’un scrutin déterminant, cette déclaration de Brenda Biya s’impose comme un événement politique majeur. Elle vient fissurer l’image d’un pouvoir monolithique et soulève, une fois de plus, la question d’une relève générationnelle tant attendue au Cameroun, dirigé depuis plus de 40 ans par Paul Biya, aujourd’hui âgé de 92 ans.
Thom Biakpa