Les relations diplomatiques entre la France et le Mali sont au plus bas/ Wakat Séra
Les tensions diplomatiques entre la France et le Mali prennent une nouvelle tournure. En réaction à l’arrestation, le mois dernier à Bamako, d’un diplomate français accusé d’espionnage par la junte malienne, Paris a décidé de riposter en déclarant persona non grata deux diplomates maliens en poste dans la capitale française. Ceux-ci ont jusqu’au 20 septembre 2025 pour quitter le territoire.
Selon des informations, les deux diplomates maliens expulsés seraient des agents des services de renseignement opérant depuis Paris. Cette mesure marque une nette dégradation des relations bilatérales, sur fond de méfiance croissante et de rupture de dialogue entre les deux capitales.
Mais la France ne s’arrête pas là. Elle annonce également la fin de toute coopération antiterroriste avec Bamako, mettant un terme à des échanges jusque-là jugés stratégiques malgré les tensions politiques. Cette rupture signifie concrètement la fin du partage d’informations sensibles, comme les écoutes téléphoniques ou les analyses de terrain, qui jouaient un rôle crucial dans la lutte contre les groupes armés opérant dans le Sahel.
Du côté malien, une source sécuritaire affirme que plusieurs diplomates français à Bamako — entre quatre et cinq, selon les estimations — ont été à leur tour sommés de quitter le territoire. Paris minimise cette réponse en précisant que les personnes concernées n’étaient plus officiellement en poste au Mali.
La situation est donc particulièrement tendue, et Paris prévient que de nouvelles mesures pourraient être prises si son ressortissant, toujours détenu à Bamako, n’est pas rapidement libéré. Ce dernier est accusé par les autorités maliennes d’avoir participé à une obscure tentative de « déstabilisation des institutions de la République », sans qu’aucune preuve n’ait été rendue publique jusqu’à présent.
Ce nouvel épisode vient illustrer la rupture progressive, mais désormais assumée, entre l’ancienne puissance coloniale et une junte malienne de plus en plus tournée vers d’autres partenaires, notamment la Russie et le groupe paramilitaire Wagner. Un divorce aux conséquences potentiellement lourdes pour la sécurité régionale.
Thom Biakpa