Des agents électoraux lors de la dépouille dans un bureau de vote à Conakry, le dimanche 21 septembre 2025/ AP
Le ministre de l’Administration du territoire en Guinée, Ibrahima Kalil Condé, a annoncé mercredi 24 septembre les résultats officiels provisoires du référendum constitutionnel tenu le dimanche précédent. Selon ces résultats, le « oui » a remporté 89% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 86%. Ces résultats doivent cependant être validés par la Cour suprême, qui jouera un rôle clé pour achever un processus référendaire marqué par des controverses politiques.
L’annonce des résultats a été attendue jusqu’à tard dans la nuit, la directrice générale des élections, Djénabou Touré, ayant d’abord communiqué les résultats pour les 375 communes du pays. La direction générale des élections a reconnu avoir rencontré des difficultés pour faire remonter les résultats, en raison de restrictions d’Internet qui ont entravé la circulation de l’information.
Des résultats variant selon les régions
Les résultats révèlent que c’est en Haute-Guinée que le « oui » a obtenu ses meilleurs scores, atteignant jusqu’à 96% des suffrages dans les régions de Faranah et de Kankan, fief du président Mamadi Doumbouya. En revanche, la capitale, Conakry, a enregistré le plus faible score avec un soutien de 74%, tout en affichant également le taux de participation le plus bas. Dans la région de Labé, traditionnel bastion de l’opposant en exil Cellou Dalein Diallo, le « oui » a tout de même remporté 86% des voix, avec une participation de 87%.
Réactions de l’opposition et tensions politiques
Malgré le succès apparent du « oui », le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a fermement rejeté ces résultats. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il a dénoncé ce qu’il appelle une opération de « blanchiment du coup d’État » et une « mascarade ». Diallo, avec ses alliés des Forces vives, comprenant le RPG, l’UFR, le Model, le FNDC et les Forces sociales, avait appelé au boycott du scrutin, dénonçant un processus qui ne reflète pas un véritable consensus politique.
Bien que le vote se soit déroulé dans le calme, l’atmosphère politique reste tendue. Les principaux partis d’opposition, y compris l’UFDG et le RPG de l’ancien président Alpha Condé, ont été suspendus administrativement quelques jours avant le début de la campagne référendaire, les empêchant ainsi de mener des actions de sensibilisation. De plus, de nombreux dirigeants des Forces vives sont soit en exil, soit en prison, ou encore portés disparus.
La victoire du « oui » au référendum constitutionnel en Guinée marque une étape importante dans le paysage politique du pays, mais elle est loin d’être sans controverse. Alors que la Cour suprême se prépare à examiner ces résultats, la nécessité d’un dialogue politique inclusif et d’une résolution des tensions demeure cruciale pour la stabilité du pays. Le Premier ministre Bah Oury devrait s’exprimer sur la situation ce mercredi, ajoutant une nouvelle dimension à cette saga politique guinéenne.
Thom Biakpa