La masse salariale des fonctionnaires en RDC, un problème majeur pour le gouvernement/ Journal de Kinshasa
Dans un contexte économique où l’inflation semble ralentir en République Démocratique du Congo (RDC), les autorités sont confrontées à un problème majeur : la masse salariale de l’État, jugée trop élevée par rapport aux recettes fiscales. Ce sujet est devenu central dans les discussions gouvernementales, avec pour objectif de ramener cette masse salariale en dessous de 5 % du PIB. Le ministre de l’Économie, Mukoko Samba, a récemment souligné l’urgence de la situation : « Des actions courageuses sont nécessaires pour la maîtriser, sinon tout ce que l’État encaisse est absorbé par les salaires, alors que le pays a besoin d’investir dans les infrastructures et de préparer l’avenir. »
Cette préoccupation n’est pas isolée, elle est partagée par des partenaires internationaux tels que le FMI et la Banque mondiale, qui suivent de près les efforts de la RDC pour stabiliser ses finances publiques.
Une hausse des salaires dans la défense et la sécurité
Dans ce contexte, certains secteurs, notamment la défense et la sécurité, connaissent une augmentation significative de la masse salariale. En mars dernier, les salaires des militaires et des policiers ont été doublés, accompagnés de l’introduction d’une prime de combat. Cette hausse pose la question de la soutenabilité, d’autant plus que de nouveaux recrutements sont envisagés, ce qui devrait encore alourdir la masse salariale de l’armée.
Pour faire face à cette croissance, l’Inspection des Forces armées a été chargée de réaliser un audit des effectifs, notamment dans les zones éloignées des opérations militaires. Cette initiative vise à rationaliser les ressources humaines et à limiter les dépenses.
Réformes dans la fonction publique
Du côté de la fonction publique, des efforts significatifs ont déjà été réalisés. En juin 2023, l’État comptait plus de 1,4 million d’agents, alors qu’aujourd’hui, ce chiffre a été réduit à 795 000 grâce à un processus d’assainissement. Cependant, la seule maîtrise des effectifs ne suffit pas à contenir la masse salariale.
Début septembre, les ministères du Budget et de la Fonction publique ont collaboré pour élaborer une nouvelle politique salariale, attendue avant la fin de l’année. Cette politique vise à contenir la masse salariale, estimée à 4,8 % du PIB en 2025, avec l’ambition de la maintenir en dessous de 5 % à moyen terme. À plus long terme, les autorités souhaitent faire passer ce ratio de 4,4 % du PIB en 2024 à environ 4,1 % d’ici 2030.
Vers une reprise économique
Le gouvernement congolais cherche à renforcer la reprise économique, récemment encouragée par le ralentissement de l’inflation. Pour la première fois depuis quatre ans, le pays devrait terminer l’année avec un taux d’inflation en dessous de 10 %, estimé à 7,8 % selon les statistiques officielles. Cette tendance est perçue comme favorable, soutenue par la stabilité du taux de change.
Comme on le constate, la RDC se trouve à un tournant crucial pour sa gestion économique. Face à des défis de taille, notamment la maîtrise de la masse salariale, le gouvernement s’engage dans une série de réformes visant à assurer la viabilité de ses finances publiques tout en préparant l’avenir du pays. La réussite de ces initiatives sera déterminante pour le développement économique et social de la RDC.
Thom Biakpa