L’ex-président français a été condamné dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 par l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi/ Wikimédia
Dans un jugement qui marque une étape significative dans l’histoire judiciaire française, l’ancien président Nicolas Sarkozy a été condamné le 25 septembre 2025 à cinq ans de prison, avec un mandat de dépôt à effet différé, pour association de malfaiteurs. Bien qu’il ait été relaxé des accusations de corruption liées à des soupçons de financement libyen pour sa campagne présidentielle de 2007, cette décision constitue la sanction la plus sévère qu’il ait encourue jusqu’à présent. Son incarcération ne pourra être suspendue même en cas d’appel.
Sarkozy, qui fête ses 70 ans, a été reconnu coupable d’avoir permis à ses proches collaborateurs et soutiens politiques de solliciter le régime de Mouammar Kadhafi pour obtenir un financement destiné à sa campagne. La présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, a souligné la gravité des faits, déclarant qu’ils pourraient « altérer la confiance dans les institutions de la République ».
En réaction à cette décision, Nicolas Sarkozy a qualifié sa condamnation d’« extrême » pour l’État de droit. Il a exprimé son intention de faire appel et a promis de répondre à la convocation judiciaire qui lui sera adressée pour indiquer la date de son incarcération. « S’ils veulent que je dorme en prison, je le ferai… mais je suis innocent », a-t-il affirmé, dénonçant « la haine » qui, selon lui, entoure cette affaire.
Les juges n’ont pas retenu les accusations de corruption formulées par le Parquet national financier (PNF), qui avait présenté Sarkozy comme le bénéficiaire d’un financement occulte. Ils ont ainsi relaxé l’ancien président des accusations de recel de détournement de fonds publics libyens et de financement illégal de campagne électorale, estimant qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves démontrant que l’argent libyen avait été effectivement utilisé pour sa campagne victorieuse de 2007.
Deux anciens collaborateurs de Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont également été condamnés. Guéant a écopé de six ans de prison pour corruption passive et faux, tandis qu’Hortefeux a été condamné à deux ans pour association de malfaiteurs. La peine de ce dernier, âgé de 67 ans, est aménageable sous bracelet électronique à domicile, tandis que Guéant, en raison de son état de santé, n’a pas été placé sous mandat de dépôt.
Éric Woerth, trésorier de la campagne de 2007, a été relaxé. Le tribunal a également constaté l’extinction de l’action publique à l’encontre de Ziad Takieddine, un protagoniste clé du dossier, décédé récemment au Liban.
Lors du procès, le PNF avait décrit l’affaire comme un « pacte de corruption faustien » entre Sarkozy et Kadhafi, l’un des dictateurs les plus controversés des dernières décennies. Les procureurs avaient réclamé une peine de sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
Sarkozy, qui a toujours affirmé son innocence, a dénoncé l’affaire comme une « infamie », et a exprimé son indignation face à ce qu’il considère comme une injustice. Alors que la saga judiciaire se poursuit, cette condamnation historique laisse entrevoir des répercussions importantes pour l’ancien président et pour la politique française dans son ensemble.
Thom Biakpa