Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé, lundi 29 septembre, la dissolution de son gouvernement à la suite de manifestations massives qui ont secoué le pays depuis le 25 septembre, faisant au moins 22 morts selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. Ces mobilisations, initialement portées par un mouvement de jeunes appelé Gen Z, traduisent un profond ras-le-bol social face aux coupures récurrentes d’eau et d’électricité.
Dans une allocution adressée à la nation, Rajoelina a déclaré que “les portes d’Ambotsirohitra, le Palais présidentiel, sont ouvertes pour recevoir les dossiers de candidature en vue de constituer le nouveau gouvernement”. Il a souligné l’importance de répondre aux attentes du peuple et a présenté ses excuses pour les manquements de certains membres de son administration.
Les manifestations, qui ont débuté pacifiquement à Antananarivo, ont rapidement dégénéré lorsque les manifestants ont tenté de s’approcher du centre-ville. En réponse, les forces de l’ordre ont eu recours à des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, entraînant des scènes de chaos, de pillages et d’incendies, notamment dans certains quartiers de la capitale et à Antsirabé, la troisième plus grande ville du pays. Des domiciles de parlementaires proches du pouvoir ont été incendiés, témoignant de la colère croissante des manifestants.
La mobilisation s’est étendue à d’autres régions du pays, y compris Antsiranana, Fianarantsoa, Toliara et Toamasina. Le bilan humain des violences a suscité l’indignation, avec le Haut-Commissariat des Nations unies dénonçant la réponse violente des forces de sécurité. En revanche, le gouvernement malgache a contesté ce bilan, affirmant qu’aucun chiffre officiel ne corroborait ces déclarations.
Le climat de tension a atteint un point critique, avec des appels à la démission du président Rajoelina. Ancien maire d’Antananarivo, Rajoelina a d’abord pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État en 2009, avant d’être élu en 2018 et réélu en 2023 lors d’un scrutin controversé. Les manifestations actuelles sont les plus importantes depuis la période précédant l’élection présidentielle de 2023, marquant un tournant potentiel dans la dynamique politique du pays.
Depuis son indépendance en 1960, Madagascar a connu de nombreuses émeutes et mouvements populaires contre les gouvernements en place, souvent à la suite de crises économiques et sociales. L’histoire récente rappelle que ces mouvements peuvent aboutir à des changements de régime significatifs, et la situation actuelle soulève des questions sur l’avenir politique de Rajoelina et sur la capacité du gouvernement à répondre aux aspirations du peuple malgache.
Thom Biakpa