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dimanche, novembre 24, 2024
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L’Afrique face au réchauffement climatique

Les conséquences du réchauffement climatique touchent toutes les régions du monde, mais un continent semble beaucoup plus affecté par le dérèglement des phénomènes naturels de l’effet de serre plus que les autres : l’Afrique.

En 2020, ce sont 32 milliards de tonnes de CO2 qui ont été émis dans l’atmosphère, un record.

Selon BP Statistical Review Of World Energy, la Chine a produit en 2021, 9,9 milliards de tonnes de CO2 à cause de l’exportation de biens de consommation et de sa forte dépendance au charbon. Les États Unis ont en produit 4,5 milliards et l’Inde 2,3 milliards. En Europe, le ¼ des émissions de CO2 de l’Union Européenne provient de l’Allemagne.

L’Afrique est le continent qui pollue le moins l’environnement alors que c’est également celui qui est le plus vulnérable aux effets du réchauffement climatique. Au cours des 50 dernières années, il s’est réchauffé de 0,5 degré par rapport à la période préindustrielle

Les répercussions sur le climat du continent varient en fonction des régions. Dans les régions plus chaudes, les épisodes de sécheresses se font de plus en plus longues (exemple du Sahel).

Dans la région nord de l’Afrique, le réchauffement climatique va engendrer une diminution des précipitations et pour l’Afrique australe, une augmentation des vagues de chaleur et de sécheresses.

Concernant l’agriculture, il va engendrer une diminution de la production agricole notamment la réduction des récoltes des principales céréales dans toute l’Afrique. En Namibie par exemple, les effets du réchauffement climatique sur l’agriculture sont susceptibles de réduire le PIB annuel de 1 à 6%.

Par ailleurs, l’élévation du niveau de la mer menacera certaines grandes villes situés sur la côte comme Accra, Dar Es Salam, Lagos, Maputo. Dans les pays comme le Mozambique, le Cameroun, la Tanzanie et le Sénégal, jusqu’à 10 millions de personnes pourraient être menacées par les inondations.

Les ressources en eau pourraient également diminuer, en raison de changements dans le régime des pluies qui pourraient réduire la disponibilité de l’eau dans certaines régions. Des millions de personnes seront menacées si la pluie diminue au point que les ressources souterraines ne puissent plus se renouveler.

Sur la pêche, l’élévation de la température océanique et l’acidification de l’océan altèrent drastiquement les écosystèmes aquatiques. Cela met en danger la durabilité de la pêche et de l’aquaculture, ainsi que les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de la pêche.

Le réchauffement climatique peut en outre, favoriser la maladie et la malnutrition. Des événements extrêmes comme des inondations peuvent se combiner avec des changements à plus long terme comme l’élévation des températures, et favoriser la propagation de maladies infectieuses, déplacer les zones impaludées et exacerber la malnutrition.

Quant aux effets sur la production d’énergie, celle qui dépend de la force hydraulique sera la plus affectée. Les changements dans la pluviométrie augmenteront peut-être la capacité de génération en Afrique de l’Est, mais la diminueront en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe.

Les dommages qui en découleront sur le développement des communautés, des pays et de la région dans son ensemble pourraient annihiler les progrès durement gagnés par l’Afrique.

L’incertitude est un critère de base dans le changement climatique, spécialement en Afrique où l’on pâtit de grandes lacunes dans les données d’observations du climat.

Responsables du PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’environnement), Richard Munang et Jesica Andrews, ne sont pas optimistes : « Le changement climatique s’accompagnera d’effets sans précédent. On assistera par exemple à une baisse des rendements agricoles, des saisons de végétation brèves et les modifications du régime des précipitations rendront l’accès à l’eau difficile. (…) La baisse des rendements agricoles et l’accroissement démographique exerceront une pression supplémentaire sur un système de production alimentaire déjà fragile. »

Dans le même contexte, Arona Diedhiou, chercheur du GIEC (Groupe scientifique intergouvernemental sur l’évolution du climat) déclarait dans Le Monde « la mer grignote les côtes à raison de 1 mètre à 5 mètres par an et fragilise des villes qui représentent 42 % de l’économie de l’Afrique de l’Ouest et où vit le tiers de sa population ». Djibouti, a rappelé son président Ismaël Omar Guelleh le 23 septembre à la tribune des Nations-Unies, risque de voir d’ici la fin du siècle une partie importante de son territoire immergée.

La fragilité de l’environnement politique de certaines régions du continent exposées aux effets du réchauffement climatique pourrait également représenter un facteur de multiplication de menace, notamment les conflits. En clair, un facteur de guerres. Expert en la matière, le président du Tchad Idriss Deby résumait aux Nations-Unies :  « Les principales conséquences du changement climatique dans mon pays sont entre autres la baisse et la variabilité pluviométriques, les sécheresses, la baisse des productions agricoles, l’assèchement et le rétrécissement des cours d’eau comme le lac Tchad, les inondations, les vagues de chaleur, les vents violents, l’avancée inquiétante du désert, la famine et l’exode rural faisant le lit de la menace terroriste. »

Les pays du monde en général et de l’Afrique en particulier, conscients du risque que représentent les effets du réchauffement climatique se sont réunis en 2015 pour adopter l’Accord historique de Paris, s’engageant à limiter la hausse de température à moins de 2 °C. Ce sont 184 pays qui ont adhéré parmi lesquels on compte la quasi-totalité des pays africains. L’accord est entré en vigueur en novembre 2016. Dans le cadre de l’Accord de Paris ( COP21 ), les pays se sont engagés à prendre des mesures pour réduire les émissions et renforcer la résilience. Le traité prévoit également un soutien financier accru de la part des pays développés pour soutenir les efforts des pays en développement.

À l’échelle du continent africain, l’enjeu est de renforcer l’accès à l’énergie tout en limitant le recours aux énergies fossiles et d’augmenter les rendements agricoles pour assurer la sécurité alimentaire à une population grandissante sans impacter négativement les sols et la biodiversité.

En 2007, un projet dénommé la muraille verte a vu le jour à travers l’initiative de l’union africaine et d’une vingtaine de pays, pour lutter contre l’avancée du désert saharien. Mais interrompu par l’instabilité politique de certains États concernés, le projet n’a pas pu être mené correctement.

La plus grande ferme solaire du continent a été inaugurée en 2017 dans la région de Ouagadougou. Donnant d’assez bons résultats, elle pourrait couvrir à terme 5 % des besoins du Burkina Faso. Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent, s’est engagé pour parvenir à 30% d’énergies propres ou renouvelables d’ici 2030.

L’union africaine quant à elle a procédé à la création d’un projet dénommé l’initiative africaine pour les énergies renouvelables ( AREI ) soutenu par de nombreux États africains et par l’Union européenne. Il vise à renforcer l’exploitation à grande échelle de l’énorme potentiel des énergies renouvelables du continent africain.

Partout sur le continent africain, le danger que représente le dérèglement climatique et par conséquent ses effets sur la vie de tous les africains ne sont plus négligés. C’est une véritable prise de conscience massive qui s’est effectuée au sein de la quasi-totalité des États, et les initiatives qu’elles soient d’ordre rural, national ou communautaire se font de plus en plus nombreuses.

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