Le président malgache Andry Rajoelina fait face à un processus de destitution par l’Assemblée Natioale/ Wikimedia
Madagascar a été le théâtre d’un événement politique inattendu, ce mardi 14 octobre. En effet, alors qu’il a été contraint de quitter le pays suite à la fronde sociale, le président Andry Rajoelina a publié un décret annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce décret a été émis au moment où les députés se réunissaient pour entamer une procédure de destitution du chef de l’État, accusé d’abandon de poste. La tension monte alors que les députés, estimant le décret invalide, tentent de voter rapidement la motion de déchéance.
Un acte présidentiel controversé
En publiant son décret sur les réseaux sociaux, Rajoelina justifie sa décision en affirmant qu’elle est nécessaire pour « rétablir l’ordre au sein de notre Nation et renforcer la démocratie ». Ce coup de théâtre intervient à un moment critique, les députés ayant récemment annoncé avoir collecté suffisamment de signatures pour convoquer une session extraordinaire destinée à débattre de sa destitution.
Cependant, la légitimité de cette dissolution est déjà fortement contestée. Le vice-président de l’Assemblée nationale, Siteny, a dénoncé une violation de la Constitution, précisant que le président de l’Assemblée nationale n’a pas été consulté. Il souligne également que le décret a été signé à l’étranger et qu’il manque de cachet officiel.
Une résistance déterminée des députés
Malgré la dissolution, les députés ont décidé de poursuivre le processus de destitution. Une ambiance électrisante règne à l’Assemblée nationale, où environ 120 des 161 députés sont présents. Pour que la motion de déchéance soit adoptée, il leur faut obtenir les deux-tiers des voix. Les membres de l’opposition, ainsi que certains députés pro-régime ayant rejoint le mouvement, sont déterminés à faire avancer leur cause.
Rajoelina, fragilisé par le ralliement des militaires à la contestation, s’est exprimé récemment en appelant à « respecter la Constitution » tout en insistant sur la nécessité d’un dialogue avec la jeunesse, à l’origine des manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité. Toutefois, ses efforts pour apaiser les tensions semblent vains, car les critiques affluent sur les réseaux sociaux.
La colère des citoyens
Les commentaires fusent sur les plateformes numériques, où de nombreux internautes expriment leur exaspération face à la situation. Des phrases telles que « Douze ans au pouvoir, et il continue de nous faire la morale » illustrent le sentiment d’un peuple désillusionné face aux promesses non tenues de Rajoelina.
Pour beaucoup, le décret de dissolution de l’Assemblée nationale n’est rien d’autre qu’une ultime tentative de maintenir le pouvoir à tout prix. Des voix s’élèvent sur les réseaux sociaux, dénonçant cet acte comme une trahison, et appelant le président à faire preuve de la même détermination pour le développement du pays.
Ainsi, Madagascar se trouve à un carrefour critique, où les enjeux politiques et sociaux sont plus que jamais interconnectés, et où l’avenir du pays semble suspendu à l’issue de cette lutte pour le pouvoir.
Thom Biakpa