Le rêve de Renaud Agbodjo de porter les couleurs du parti Les Démocrates, lors de la présidentielle de 2026 au Bénin vient d’être brisé/ AFP
La Commission électorale nationale autonome (Cena) du Bénin a annoncé, ce jeudi 23 octobre, le rejet de la candidature de Renaud Agbodjo, représentant du principal parti d’opposition, Les Démocrates, à l’élection présidentielle d’avril prochain. Ce refus prive potentiellement le scrutin de la principale force d’opposition au pouvoir en place et ouvre la voie à un duel favorable au camp présidentiel.
Un rejet pour cause de parrainages insuffisants
Dans un communiqué publié sur Facebook, la Cena a précisé que la candidature de Renaud Agbodjo n’avait pas réuni le nombre requis de 28 parrainages d’élus, condition indispensable pour être qualifié selon le code électoral.
Les Démocrates, formation fondée par l’ancien président Boni Yayi, disposaient précisément de 28 élus, un équilibre fragile qui a finalement joué contre leur candidat. Le parrainage du député Michel Sodjinou a été invalidé, après que ce dernier a contesté la désignation interne du candidat de son parti. Le tribunal de Cotonou a annulé son parrainage, entraînant mécaniquement le rejet de la candidature de M. Agbodjo.
Âgé de 43 ans, avocat de profession, Renaud Agbodjo avait été désigné à la mi-octobre à l’issue de longues discussions internes. Son exclusion du scrutin laisse Les Démocrates sans représentant direct, à moins que la Cour constitutionnelle ne revienne sur la décision de la Cena lors d’un éventuel recours. La liste définitive des candidats sera publiée le 31 octobre.
Une élection à l’avantage du pouvoir
Avec cette décision, la voie semble désormais dégagée pour le candidat de la majorité présidentielle, Romuald Wadagni, actuel ministre des Finances, âgé de 49 ans. Figure centrale du gouvernement de Patrice Talon, il est présenté comme l’un des artisans de la croissance économique du pays, qui reste soutenue depuis une décennie.
Un autre candidat, Paul Hounkpè du parti Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), classé dans l’opposition modérée, a également été retenu. Au total, sur les cinq dossiers déposés, trois candidatures ont été rejetées: celles de Renaud Agbodjo, d’Anatole Jackson Prince Ouinsavi et d’Élisabeth Agbossaga.
Un climat politique tendu
Cette nouvelle éviction d’un candidat majeur de l’opposition rappelle les tensions de la présidentielle de 2021, lors de laquelle Patrice Talon avait été réélu avec plus de 86 % des voix, dans un contexte de violences et de contestation.
S’il est salué pour avoir stabilisé l’économie béninoise et attiré les investisseurs, le président Talon, au pouvoir depuis 2016, est souvent accusé par ses opposants d’avoir restreint l’espace démocratique et d’avoir instauré un régime de plus en plus autoritaire.
Arrivant au terme de son second et dernier mandat en 2026, Patrice Talon semble désormais préparer sa succession. Le rejet de la candidature de Renaud Agbodjo renforce encore cette impression d’un scrutin verrouillé, où la majorité présidentielle devrait aborder l’élection d’avril 2026 en position de force.
Thom Biakpa




