L’Ong MSF sommée de quitter la Libye avant le 9 novembre/ Wikimedia
Les autorités libyennes ont ordonné à l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) de cesser ses activités et de quitter le pays avant le 9 novembre. L’ONG, présente depuis plusieurs années sur le terrain, déplore une décision soudaine et inexpliquée, qu’elle estime lourde de conséquences pour les populations vulnérables.
Une expulsion sans motif officiel
Dans un communiqué publié le 29 octobre, MSF a annoncé avoir reçu une notification officielle du ministère libyen des Affaires étrangères lui intimant de quitter le territoire.
« Nous regrettons profondément cette décision et nous sommes inquiets de ses conséquences sur la santé des personnes que nous assistons », a déclaré Steve Purbrick, chef de programmes de MSF en Libye.
L’organisation affirme n’avoir reçu aucune explication sur les raisons de cette mesure. « La procédure reste très floue. Notre enregistrement auprès des autorités compétentes est pourtant toujours valide, et nous espérons pouvoir trouver une solution positive », a ajouté M. Purbrick.
Ce n’est pas la première fois que l’ONG fait face à des entraves de la part des autorités libyennes. En mars 2025, ses locaux avaient déjà été fermés par l’Agence de sécurité intérieure et plusieurs employés interrogés. Neuf autres organisations humanitaires avaient alors été visées par des mesures similaires dans l’ouest du pays.
Une aide médicale indispensable remise en cause
Depuis plusieurs années, Médecins Sans Frontières fournit des soins médicaux essentiels dans un contexte d’instabilité politique et de crise humanitaire persistante. En 2024, l’ONG avait réalisé, en partenariat avec les autorités sanitaires locales, des milliers de consultations médicales. Un an plus tôt, elle avait également pris part aux opérations d’urgence à Derna, après les inondations catastrophiques qui avaient dévasté la ville.
MSF jouait aussi un rôle crucial dans l’assistance aux réfugiés et migrants, en leur apportant soins et soutien psychologique, et en facilitant parfois leur évacuation vers des pays plus sûrs. Son départ risque donc de priver des milliers de personnes d’un accès vital à la santé.
Un climat de plus en plus hostile aux ONG
L’expulsion de MSF s’inscrit dans un contexte de répression accrue contre les organisations internationales opérant en Libye. L’ONG dénonce un « resserrement de l’espace humanitaire » marqué par des restrictions administratives, une baisse des financements et une coopération renforcée entre l’Union européenne et les autorités libyennes sur le contrôle des migrations.
« Il n’existe aujourd’hui plus aucune ONG internationale apportant des soins médicaux aux réfugiés et migrants dans l’ouest de la Libye », a averti MSF, appelant à une mobilisation urgente de la communauté internationale pour protéger les populations les plus vulnérables.
Thom Biakpa




