Le vent du changement continue de souffler sur les institutions sécuritaires nigérianes. Le Département des Services de l’État (DSS), pilier du renseignement intérieur, a annoncé le licenciement de 115 agents, dans le cadre d’une vaste opération de réforme interne. Une décision qui intervient sur fond de rumeurs de coup d’État et de remaniement militaire d’envergure, ordonné récemment par le président Bola Ahmed Tinubu.
Dans son communiqué, le DSS parle d’un effort destiné à « renforcer la discipline et l’efficacité » de l’agence. Si la période exacte des renvois n’a pas été précisée, les informations publiées sur le site officiel du service comprenant les noms, photos et dates de départ montrent que certains cas remontent à avril dernier, suggérant une purge progressive et planifiée.
Un climat de suspicion
Ces renvois massifs ne sont pas anodins. Ils surviennent quelques semaines à peine après un vaste remaniement des forces armées, au cours duquel plusieurs hauts gradés ont été relevés de leurs fonctions. Cette recomposition du commandement militaire, présentée comme un simple ajustement stratégique, coïncide pourtant avec une intensification des rumeurs de complot militaire à Abuja.
Selon plusieurs médias locaux, une quinzaine d’officiers auraient été arrêtés pour leur rôle présumé dans une tentative de renversement du pouvoir civil. Une version que l’armée et la présidence ont catégoriquement démentie, évoquant de simples « procédures disciplinaires internes » sans lien avec un quelconque coup d’État.
Tinubu resserre les rangs
Pour de nombreux analystes, ces licenciements traduisent avant tout la volonté du président Tinubu de reprendre la main sur l’appareil sécuritaire. Depuis son arrivée au pouvoir, le chef de l’État s’efforce de consolider son autorité sur les institutions militaires et de renseignement, souvent accusées de manque de cohésion et d’ingérence politique.
« Cette série de renvois est un signal clair : Tinubu veut des services de sécurité disciplinés et loyaux », analyse un expert en sécurité basé à Lagos. « Dans un pays où les forces armées ont longtemps joué un rôle politique, il cherche à imposer une nouvelle culture de responsabilité. »
Un contexte sécuritaire explosif
Le Nigeria reste confronté à de multiples crises sécuritaires. Dans le Nord-Est, les groupes djihadistes Boko Haram et État islamique en Afrique de l’Ouest poursuivent leurs attaques. Le Centre est miné par des violences communautaires, tandis que le Sud fait face à la criminalité armée et aux enlèvements.
Dans un tel contexte, la stabilité des institutions de sécurité est cruciale. Le gouvernement veut éviter tout signe de fragilité interne, susceptible de raviver les ambitions putschistes ou d’alimenter la défiance de la population.
Vers une refonte du renseignement nigérian ?
Selon plusieurs sources proches du DSS, la vague de licenciements pourrait n’être qu’une première étape. Une refonte plus large du système de renseignement serait en préparation, avec pour objectif de mieux coordonner les différentes agences et de moderniser les méthodes d’analyse et de surveillance. Des nominations stratégiques pourraient suivre dans les prochains mois.
En attendant, la présidence Tinubu garde le silence. Officiellement, aucune réaction n’a été publiée. Mais dans les cercles proches du pouvoir, le message serait clair : tolérance zéro pour l’indiscipline et la trahison. Une ligne dure qui vise à consolider l’appareil d’État, alors que le pays tente d’éviter le spectre du chaos politique.
Thom Biakpa




