À moins de deux mois des élections législatives prévues le 27 décembre, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, a annoncé son retrait du scrutin. Cette décision intervient dans un contexte politique de plus en plus tendu, marqué notamment par l’inculpation de l’un de ses cadres, Damana Pickass, pour des accusations d’“actes terroristes”.
Le PPA-CI dénonce un “climat politique délétère”
Réuni jeudi soir à Abidjan, le comité exécutif du PPA-CI a acté le boycott des législatives. Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, le parti explique que “les conditions d’élections libres, transparentes et inclusives ne sont pas réunies” et dénonce “un environnement socio-politique délétère marqué par la répression, les persécutions et le harcèlement judiciaire”.
Lors de cette réunion, Laurent Gbagbo a appelé le gouvernement à reporter le scrutin. “Il faudrait que le gouvernement accepte de repousser la date des élections”, a-t-il plaidé dans un extrait vidéo diffusé sur la page Facebook du parti.
Selon lui, participer dans ces conditions reviendrait à “couvrir la forfaiture qui a eu lieu” lors de la présidentielle d’octobre dernier, remportée par Alassane Ouattara avec près de 90 % des voix. “Y aller en décembre, c’est cautionner les blessures et les morts”, a-t-il insisté.
En revanche, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par Tidjane Thiam et allié du PPA-CI au sein du “Front commun”, a confirmé sa participation au scrutin législatif.
Damana Pickass inculpé et écroué
Le même jour, la tension est montée d’un cran avec l’inculpation de Damana Pickass, secrétaire général du PPA-CI et proche fidèle de Laurent Gbagbo. Le procureur de la République, Oumar Braman Koné, a annoncé qu’il était poursuivi pour “actes terroristes”, “assassinat” et “complot contre l’autorité de l’État”.
Arrêté mardi dans la périphérie d’Abidjan, M. Pickass est accusé d’avoir appelé à l’insurrection et au renversement des institutions. Dans une vidéo publiée le 16 octobre, il exhortait les Ivoiriens à manifester contre le pouvoir en place.
“Ces accusations sont excessives et sans fondement. Mon client les rejette catégoriquement”, a réagi son avocate, Me Roselyne Serikpa, contactée par l’AFP.
Le PPA-CI, de son côté, dénonce une “instrumentalisation de la justice” et réclame “la libération immédiate et inconditionnelle” de son responsable.
Un climat politique sous haute tension
La crise politique ivoirienne reste vive depuis la présidentielle d’octobre, émaillée de violences ayant causé entre 11 morts, selon les autorités, et 27 selon l’opposition. Plus d’une centaine de manifestants ont depuis été condamnés à trois ans de prison ferme pour participation à des “troubles à l’ordre public”.
Alors qu’une nouvelle mobilisation de l’opposition est annoncée pour samedi, le climat reste électrique à l’approche du scrutin législatif.
Le président Alassane Ouattara doit prêter serment pour un quatrième mandat le 8 décembre, une cérémonie que le camp Gbagbo considère comme une “provocation” dans un contexte de défiance et de fractures politiques persistantes.
Thom Biakpa




