Confronté à l’arrivée soudaine de centaines de réfugiés maliens fuyant les violences jihadistes, le gouvernement ivoirien a annoncé, jeudi 13 novembre, un important renforcement de la sécurité à sa frontière nord. Cette décision intervient à un moment sensible pour le pays, à quelques semaines des élections législatives prévues le 27 décembre.
Un afflux lié à la montée des violences au sud du Mali
Depuis septembre, le sud du Mali est plongé dans une spirale de violences alimentée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Les assaillants s’en prennent notamment aux camions-citernes assurant l’approvisionnement en carburant depuis le Sénégal et la Côte d’Ivoire, des attaques meurtrières ayant coûté la vie à plusieurs chauffeurs et soldats. Plusieurs véhicules ont également été incendiés.
La situation s’est aggravée mercredi, lorsqu’une attaque visant des chasseurs traditionnels dozos opposés aux groupes jihadistes, près de Loulouni, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière ivoirienne a provoqué la fuite de centaines de civils vers la Côte d’Ivoire. Les autorités locales décrivent un exode soudain et massif, alimentant les inquiétudes d’Abidjan.
La Côte d’Ivoire se prépare à un afflux durable
Face à ces mouvements de population, le Conseil national de sécurité (CNS) a ordonné l’enregistrement systématique des nouveaux demandeurs d’asile. Il a également demandé un renforcement de la surveillance militaire le long de la frontière nord, considérée comme une zone à risque face aux incursions de groupes armés.
Déjà confrontée à l’accueil de près de 90 000 réfugiés venus du Burkina Faso voisin, également touché par les violences jihadistes, la Côte d’Ivoire cherche à éviter l’émergence d’une crise humanitaire tout en préservant la sécurité sur son territoire. Les autorités affirment vouloir concilier soutien aux populations déplacées et vigilance face à la menace transfrontalière.
Gros dispositif sécuritaire pour les législatives du 27 décembre
En parallèle de ces mesures, le CNS se prépare à assurer la sécurité du scrutin législatif. Quelque 44 000 membres des forces de Défense et de Sécurité seront mobilisés sur l’ensemble du territoire afin de garantir la tenue du vote dans un climat apaisé.
Le pays reste encore marqué par le scrutin présidentiel d’octobre, jugé « globalement bon » par le CNS malgré des violences ayant fait 11 morts et 71 blessés selon les chiffres officiels. Dans un souci de stabilité, l’interdiction des manifestations politiques, en vigueur depuis octobre, est prolongée jusqu’en janvier à l’exception des activités directement liées au processus électoral.
Thom Biakpa




