La crise post-électorale camerounaise a franchi un nouveau seuil dimanche 23 novembre, lorsque la Gambie a officiellement confirmé l’accueil sur son sol d’Issa Tchiroma Bakary. Le leader d’opposition, qui revendique sa victoire à la présidentielle du 12 octobre face au président Paul Biya, a été transféré à Banjul pour des raisons de sécurité, alors que le Cameroun fait face à une vague de répression meurtrière.
Exfiltration discrète d’un opposant sous pression
Selon les autorités gambiennes, Issa Tchiroma Bakary est arrivé dans le pays le 7 novembre. Ancien ministre devenu l’un des critiques les plus virulents du régime, il conteste ouvertement la réélection officielle de Paul Biya, crédité de 53,66 % des voix.
Banjul explique avoir agi pour des « raisons humanitaires », évoquant un impératif de protection alors que les risques pesant sur l’opposant s’intensifiaient.
Cette mise sous protection intervient quelques jours après une déclaration choc de Tchiroma, publiée à la veille de l’investiture de Paul Biya :
« Il y a deux présidents désormais : celui élu par le peuple camerounais, que je suis, et celui nommé par le Conseil constitutionnel. ». Des propos qui ont immédiatement braqué le pouvoir et accentué la crispation politique.
Une répression violente qui alarme les observateurs
Depuis la proclamation des résultats le 27 octobre, plusieurs villes camerounaises ont été secouées par des manifestations sporadiques, brutalement dispersées par les forces de sécurité. Le gouvernement a reconnu des « pertes en vies humaines » sans avancer de chiffres, alimentant l’inquiétude sur l’ampleur de la répression.
Human Rights Watch a dénoncé un recours « injustifié à la force létale » et des « arrestations massives » visant aussi bien des manifestants que des passants. L’ONG décrit un climat étouffant où la contestation est systématiquement écrasée, faisant craindre une montée des violences politiques.
La Gambie joue l’équilibriste diplomatique
En accueillant Issa Tchiroma Bakary, Banjul affirme ne poursuivre aucun agenda politique et insiste sur un point : son territoire ne servira pas de plateforme pour des activités hostiles à un autre État.
Cette mise au point vise à préserver un fragile équilibre diplomatique, à un moment où la tension reste vive entre le régime camerounais et ses opposants.
Thom Biakpa




