Réunis mardi 25 novembre à Luanda, en Angola, les dirigeants européens et africains ont réitéré leur volonté de consolider un partenariat présenté comme “unique et stratégique”. Dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes, les deux continents cherchent à renforcer leur coopération économique, sécuriser l’accès aux minerais critiques et développer une approche commune face aux enjeux migratoires. Mais malgré l’affichage d’une ambition partagée, plusieurs observateurs jugent les engagements encore trop modestes.
Coopération économique et minerais critiques : un enjeu central
À l’issue du sommet, l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) ont souligné l’importance d’approfondir leurs échanges commerciaux et de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement. L’Europe, engagée dans les transitions énergétique et numérique, cherche à sécuriser l’accès à des ressources indispensables comme les minerais critiques, dont regorge une partie du continent africain.
Dans un monde marqué par la compétition stratégique entre États-Unis, Chine et Russie, l’Afrique apparaît de plus en plus comme un acteur clé pour les Européens, désireux de réduire leurs dépendances et d’asseoir leur autonomie économique.
Migration : entre fermeté et ouverture contrôlée
Autre dossier majeur : les migrations. Les deux blocs ont insisté sur la nécessité de “prévenir l’immigration illégale”, tout en s’engageant à élargir les voies légales pour les étudiants, chercheurs et travailleurs qualifiés. Cette approche, qui vise à répondre à la fois aux préoccupations des États européens et aux aspirations de mobilité du continent africain, reste toutefois marquée par de fortes attentes en matière de mise en œuvre concrète.
Une relation stratégique fragilisée par les incertitudes internationales
Si l’UE demeure le premier partenaire commercial de l’Afrique, les tensions commerciales provoquées par la politique américaine, notamment en matière de droits de douane, poussent Bruxelles et l’UA à renforcer davantage leur rapprochement. Les deux organisations présentent désormais leur relation comme un “pilier de stabilité” face aux incertitudes globales.
Des critiques sur un sommet jugé trop superficiel
Malgré des annonces répétées, plusieurs diplomates africains et analystes restent sceptiques. À leurs yeux, les engagements européens manquent de substance et peinent à se traduire par des investissements capables de créer des emplois et d’offrir des perspectives tangibles à la jeunesse africaine.
L’expert Alex Vines, du Conseil européen des relations internationales, souligne notamment que l’Afrique attend des actions concrètes, et non de simples déclarations politiques souvent réitérées lors de ces rencontres.
Conflits régionaux et fragmentation mondiale en toile de fond
En marge des discussions économiques, la situation internationale a largement occupé les dirigeants européens, qui ont consacré une part importante de leur temps au plan américain censé mettre fin à la guerre en Ukraine. Une focalisation qui, selon certains observateurs, a laissé l’impression que les préoccupations africaines ne figuraient pas au premier rang des priorités européennes.
Les participants ont également appelé à une cessation immédiate des hostilités au Soudan, dénonçant les “atrocités” commises par les Forces de soutien rapide (FSR) à El-Facher. Ils ont plaidé pour un multilatéralisme plus efficace, estimant que la fragmentation actuelle du paysage international menace directement la stabilité des deux continents.
Prochain rendez-vous à Bruxelles
À l’issue du sommet, l’UE et l’UA ont confirmé que leur prochaine rencontre de haut niveau se tiendra à Bruxelles, à une date encore à préciser. D’ici là, nombreux sont ceux qui attendent que l’Europe transforme ses engagements en projets concrets, notamment dans les domaines de l’investissement, de l’emploi et du développement durable.
Thom Biakpa
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