Le climat politique ivoirien s’est de nouveau tendu mercredi 26 novembre avec la garde à vue du porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Soumaïla Bredoumy. De retour au pays après plusieurs mois d’absence, le député et candidat aux législatives de décembre est désormais visé par 11 chefs d’accusation, parmi lesquels figurent des faits particulièrement graves tels que « actes terroristes » ou « complot contre l’autorité de l’État ». Une procédure que sa défense juge illégale au regard de son statut de parlementaire.
Un retour au pays suivi d’une arrestation controversée
Revenu en Côte d’Ivoire lundi dernier, Soumaïla Bredoumy avait été convoqué dès le lendemain par la police. Mercredi, il s’est présenté accompagné de son avocat, Me Jean-Chrysostome Blessy. Selon ce dernier, le député a immédiatement invoqué son immunité parlementaire et exercé son droit au silence.
Le parquet, estimant que les faits reprochés relevaient du flagrant délit, a néanmoins ordonné son placement en garde à vue à la préfecture de police d’Abidjan.
Or, la Constitution prévoit que l’arrestation ou la poursuite d’un parlementaire en session nécessite l’accord préalable de sa chambre, sauf en cas de flagrant délit une qualification que la défense conteste fermement. Pour Me Blessy, cette mesure constitue une « violation grave de l’État de droit et du droit parlementaire ».
Une liste d’accusations particulièrement lourdes
Au total, Soumaïla Bredoumy fait face à 11 chefs d’accusation, parmi lesquels : actes terroristes, incitation au meurtre, complot contre l’autorité de l’État, atteinte à la sûreté de l’État, atteinte à l’ordre public, appels à l’insurrection, à la haine et à la xénophobie, vol, incendie volontaire, incitation à la révolte populaire, inobservation d’une décision de justice, dénonciation calomnieuse.
La garde à vue, d’une durée initiale de 48 heures, peut être prolongée de 24 heures supplémentaires. La défense dénonce une procédure politique visant à affaiblir l’opposition à l’approche des législatives.
Un contexte politique toujours fragile
Si l’élection présidentielle d’octobre remportée par le président sortant Alassane Ouattara s’est déroulée sans violences massives, les tensions restent vives. Les autorités ont recensé 11 morts ces derniers mois, tandis que plusieurs opposants ont été arrêtés.
Dans ce climat tendu, l’ancien président Laurent Gbagbo, écarté de la course présidentielle, a dénoncé un contexte politique « non propice » et son parti a annoncé le boycott des législatives prévues le 27 décembre.
L’interpellation de Soumaïla Bredoumy s’inscrit ainsi dans une séquence pré-électorale marquée par la méfiance et les accusations croisées entre gouvernement et opposition. À quelques semaines du scrutin législatif, cet épisode pourrait encore accentuer les crispations et fragiliser davantage le dialogue politique.
Thom Biakpa




