Trois jours après le renversement du président Umaro Sissoco Embaló, la Guinée-Bissau tente de retrouver un semblant de normalité, malgré l’installation officielle d’un régime militaire. Ce vendredi 28 novembre, le haut commandement, désormais dirigé par le général Horta N’Tam, a annoncé la nomination d’un nouveau Premier ministre, Ilidio Vieira Té, jusqu’alors ministre des Finances.
Ilidio Vieira Té nommé Premier ministre de la Transition
Dans un communiqué diffusé à la mi-journée, le général Horta N’Tam a confirmé la désignation d’Ilidio Vieira Té comme chef du gouvernement de Transition. Figure clé de l’ancien exécutif, il cumulera ce nouveau poste avec son portefeuille initial aux Finances, qu’il conserve malgré la chute du régime.
Cette nomination intervient alors que l’ancien président Umaro Sissoco Embaló, évincé mercredi, a trouvé refuge au Sénégal. Son principal rival à la dernière présidentielle, Fernando Dias, l’accuse d’avoir lui-même orchestré le putsch afin de dissimuler sa défaite électorale une accusation qui alimente les tensions politiques.
À Bissau, une vie quotidienne qui reprend, sous contrôle militaire
Dans les rues de Bissau, un retour progressif à la normale semble s’opérer. Commerces, épiceries, cafés et marchés ont rouvert dès le matin, après l’autorisation donnée par les militaires. Les enfants ont repris le chemin de l’école et les vendeuses de fruits et de noix de cajou ont retrouvé leurs places habituelles aux abords du marché central.
Pourtant, derrière ce tableau apaisé, beaucoup demeurent méfiants. Certains habitants interrogés en centre-ville s’inquiètent de la stabilité du pays et regrettent l’irruption des militaires dans la sphère politique. « Les militaires auraient dû rester dans les casernes », confie un habitant venu acheter son pain. Le contraste entre la tranquillité apparente et l’incertitude politique reste palpable.
Au Sénégal, Ousmane Sonko dénonce une « combine »
À Dakar, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a réagi fermement aux événements en Guinée-Bissau, lors d’une session parlementaire. Se disant limité par les prérogatives du président de la République sur les questions diplomatiques, Sonko n’en a pas moins qualifié la situation de « combine ».
« Ce qui s’est passé n’est pas normal », a-t-il déclaré, dénonçant notamment l’arrestation de Domingos Simões Pereira, figure politique bissau-guinéenne qui n’était même pas candidat à l’élection. Sonko a appelé à sa libération immédiate et insisté sur la nécessité pour la Commission électorale de « rendre au gagnant sa victoire », afin que le processus démocratique puisse aller à son terme.
Un avenir incertain
Alors que le pays semble retrouver son rythme, l’incertitude demeure quant à la durée et aux intentions réelles de la junte militaire. Entre accusations politiques, pression régionale et attentes populaires, la Guinée-Bissau entre dans une phase délicate où chaque décision pourrait peser lourdement sur sa trajectoire démocratique.
Thom Biakpa




