Le président nigérian Bola Tinubu a annoncé, mardi 2 décembre, la nomination de l’ancien chef d’état-major des armées, le général Christopher Musa, au poste de ministre de la Défense. Un choix hautement stratégique, alors que le pays traverse une vague d’enlèvements sans précédent et que l’appareil sécuritaire est sous pression.
Un militaire expérimenté rappelé au gouvernement
La décision de Bola Tinubu intervient quelques heures après la démission, officiellement pour raisons de santé, de Mohammed Badaru Abubakar. Pour la présidence, le général Musa, 58 ans, possède l’expertise nécessaire pour « renforcer l’architecture sécuritaire » du Nigeria. La nomination doit toutefois être validée par le Sénat.
Le retour de ce haut gradé, déjà passé par la tête des forces armées, résonne comme un signal fort envoyé aux groupes armés qui multiplient les attaques et les rapts dans plusieurs régions du pays.
Une figure militaire récemment écartée
Le général Musa avait été limogé en octobre dernier, en même temps que plusieurs hauts responsables militaires. Cette décision avait coïncidé avec la circulation de rumeurs insistantes de tentative de putsch.
Si le gouvernement avait catégoriquement démenti tout projet de coup d’État, certaines sources militaires affirmaient alors qu’une conspiration visant à instaurer une junte avait été déjouée. La mise à l’écart de Musa avait été interprétée comme un mouvement de purge ou de prévention.
Son retour aujourd’hui témoigne d’un changement de stratégie de la présidence, qui semble choisir la continuité opérationnelle plutôt que le renouvellement complet du commandement.
Une crise sécuritaire aggravée par des enlèvements de masse
Cette nomination survient dans un contexte de recrudescence dramatique des enlèvements. En l’espace d’une quinzaine de jours, plus de 400 personnes dont de nombreux élèves ont été kidnappées.
La pratique, courante dans certaines régions pour obtenir des rançons, a pris une ampleur inquiétante, poussant le président Tinubu à décréter l’état d’urgence sécuritaire.
Ce regain de violence intervient également dans un contexte diplomatique tendu : le président américain Donald Trump a récemment menacé d’une intervention militaire au Nigeria, accusant des groupes qualifiés d’« islamistes radicaux » d’être responsables de « meurtres de chrétiens ». Des déclarations qui ont suscité une vive controverse sur la scène internationale.
Un ministère clé pour un pays sous tension
En rappelant le général Musa, Bola Tinubu joue une carte de fermeté. Le ministère de la Défense sera au cœur de la réponse gouvernementale face aux groupes criminels, aux insurgés et aux tensions communautaires qui minent plusieurs régions du pays.
La tâche du nouveau ministre s’annonce considérable : restaurer l’autorité de l’État, coordonner les forces de sécurité et apaiser un climat politique fragilisé par les rumeurs de putsch et les critiques internes.
Thom Biakpa




