La justice portugaise a ouvert un nouveau front judiciaire aux implications politiques sensibles impliquant l’ancien pouvoir bissau-guinéen. Dinisia Reis Embalo, épouse de l’ex-président Umaro Sissoco Embalo, a été formellement mise en examen au Portugal dans le cadre d’une enquête portant sur des soupçons de contrebande et de blanchiment de capitaux, a confirmé la police judiciaire portugaise.
Cette procédure fait suite à l’interpellation, à l’aéroport de Lisbonne, d’un passager arrivant de Bissau avec près de cinq millions d’euros en liquide. L’homme, identifié par les médias portugais comme Tito Fernandes, proche de l’ancien chef de l’État, voyageait à bord d’un vol initialement déclaré comme militaire. Les autorités ont par la suite établi que les informations fournies sur la destination finale de l’appareil étaient inexactes.
Dinisia Reis Embalo se trouvait à bord du même vol. Selon la police judiciaire, sa mise en examen est directement liée à cette affaire, sans que des précisions supplémentaires n’aient été rendues publiques à ce stade de l’enquête. Le passager interpellé a, quant à lui, été remis en liberté après sa présentation à un juge, bien que les soupçons de blanchiment et de contrebande demeurent.
Un contexte politique explosif
Cette affaire judiciaire intervient dans un climat politique particulièrement instable en Guinée-Bissau. Fin novembre, le pays a été le théâtre d’un coup d’État militaire, survenu à la veille de la publication des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives du 23 novembre. Le président sortant Umaro Sissoco Embalo et son principal rival, Fernando Dias de Costa, revendiquaient simultanément la victoire.
Des militaires ont alors annoncé avoir pris le contrôle du pays, procédé à l’arrestation du président sortant et suspendu le processus électoral. Cette nouvelle crise s’inscrit dans une longue histoire d’instabilité politique : depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État et de nombreuses tentatives de putsch.
Réactions internationales et isolement diplomatique
Face à la situation, la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a décidé de retirer temporairement à la Guinée-Bissau la présidence tournante de l’organisation, confiée au Timor oriental. Lors d’un sommet extraordinaire tenu au Cap-Vert, la CPLP a également suspendu le pays de l’ensemble de ses activités.
Le ministre portugais des Affaires étrangères, Paulo Rangel, a déclaré être en contact avec les autorités bissau-guinéennes, appelant à un rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel. Dans ce contexte de rupture institutionnelle, l’affaire judiciaire ouverte au Portugal vient renforcer les pressions internationales pesant sur l’ancien régime bissau-guinéen.
Thom Biakpa




