Dans la nuit du 22 au 23 décembre, au large de Ngazobil, non loin de Joal, une embarcation transportant près de 200 personnes en route vers les îles Canaries a sombré, laissant derrière elle des corps, des disparus et de nombreuses familles dans l’angoisse.
Il était environ 4 heures du matin lorsque l’accident s’est produit. Selon les autorités sénégalaises, au moins douze hommes ont perdu la vie. Trente-et-une personnes ont pu être secourues, tandis qu’un survivant, grièvement blessé, a été évacué vers l’hôpital de Joal. Mais à mesure que les heures passent, l’inquiétude grandit : des dizaines de passagers restent portés disparus.
D’après les premiers éléments recueillis, la pirogue aurait quitté le village de Diamaguène, dans les îles du Saloum, avec un nombre très élevé de candidats à l’émigration clandestine à son bord. Un chiffre encore difficile à confirmer, mais qui alimente la crainte d’un bilan humain bien plus lourd.
Sur place, la Marine nationale et les équipes de secours poursuivent les recherches, malgré une mer agitée et des conditions météorologiques compliquées. Chaque opération est une course contre le temps, dans l’espoir de retrouver des survivants. Parallèlement, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du départ et identifier les réseaux de passeurs, régulièrement accusés de tirer profit de la détresse sociale et économique.
Cette tentative de traversée s’inscrit dans une réalité désormais bien connue : la route maritime entre l’Afrique de l’Ouest et les îles Canaries est l’une des plus dangereuses de la région. Exposée aux forts courants et aux tempêtes de l’Atlantique, elle a déjà coûté la vie à des milliers de personnes. En 2024, près de 10 000 migrants y ont trouvé la mort, selon l’ONG Caminando Fronteras. Pour les cinq premiers mois de 2025, l’organisation dénombrait déjà 1 482 décès.
Derrière ces chiffres, des visages et des trajectoires brisées, et une question lancinante : combien d’autres drames faudra-t-il encore avant que cette route de l’exil cesse d’être un cimetière marin ?
Thom Biakpa




