La République centrafricaine a vécu, dimanche 28 décembre, une journée électorale décisive. Les électeurs étaient appelés aux urnes pour un scrutin d’ampleur nationale, combinant élection présidentielle, législatives et consultations locales.
Au cœur de cette séquence politique, le président sortant Faustin-Archange Touadéra apparaît en position favorable pour prolonger son pouvoir avec un troisième mandat, dans un climat mêlant calme apparent, critiques persistantes et profondes attentes sociales.
Un déroulement du vote globalement pacifique
Dans la capitale Bangui comme dans plusieurs régions du pays, les bureaux de vote ont fermé à 18 heures sans incidents majeurs signalés. Des responsables électoraux ont évoqué une participation marquée par la sérénité. Pour beaucoup, ce climat contraste avec les violences qui avaient entaché les précédentes élections, notamment en 2020. Le dépouillement des bulletins a commencé aussitôt après la fermeture des bureaux, sous la supervision de représentants électoraux et d’observateurs.
Des irrégularités qui alimentent la méfiance
Cette apparente tranquillité n’a toutefois pas suffi à dissiper les doutes. Des électeurs ont dénoncé des dysfonctionnements dans l’organisation du scrutin. Certains affirment que des personnes non inscrites sur les listes auraient pu voter, tandis que d’autres, pourtant enregistrées mais sans carte d’électeur, se seraient vu refuser l’accès aux urnes. Ces témoignages viennent nourrir les critiques récurrentes sur la crédibilité du processus électoral. Les résultats provisoires de la présidentielle sont attendus pour le 5 janvier.
Touadéra, favori fort d’un discours sécuritaire
Âgé de 68 ans, Faustin-Archange Touadéra s’est rendu à son bureau de vote à Bangui sous forte protection sécuritaire, entouré de forces nationales et de leurs alliés étrangers. Devant les médias, il a insisté sur l’importance du vote pour consolider la paix et favoriser le développement du pays. Depuis plusieurs années, le pouvoir met en avant les progrès enregistrés sur le plan sécuritaire, affirmant que l’État a repris le contrôle de la majorité du territoire, autrefois dominé par des groupes armés.
Une opposition fragmentée et affaiblie
Face au président sortant, l’opposition apparaît divisée. Une partie a choisi de boycotter le scrutin, dénonçant un manque de dialogue politique et un processus jugé biaisé. D’autres figures ont néanmoins maintenu leur candidature, parmi lesquelles Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra. Si ces derniers appellent à un changement de gouvernance, leur capacité à mobiliser largement reste limitée dans un contexte institutionnel favorable au pouvoir en place.
Le débat autour du troisième mandat
La candidature de Faustin-Archange Touadéra repose sur une nouvelle Constitution adoptée en 2023, texte vivement contesté par ses adversaires. Celle-ci a modifié les règles de limitation des mandats présidentiels, ouvrant la voie à une nouvelle candidature. Pour les autorités électorales, le scrutin bénéficie toutefois de garanties suffisantes, avec la présence de plus de 1 700 observateurs nationaux et internationaux, issus notamment de l’Union africaine, de l’Union européenne et de la CEEAC.
Entre stabilité politique et urgence sociale
Le chef de l’État mise sur un discours axé sur la stabilité retrouvée et certaines améliorations visibles à Bangui, notamment dans les infrastructures urbaines. Mais ces avancées contrastent avec une réalité sociale difficile.
Plus de sept Centrafricains sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, dans un pays confronté à un chômage massif, à un accès limité aux services essentiels et à une inflation persistante.
Alors que le pays attend les résultats officiels, cette présidentielle illustre une tension durable entre la promesse de stabilité institutionnelle et les aspirations profondes d’une population en quête de meilleures conditions de vie.
Thom Biakpa




