En RDC, les tirs ont repris près de Goma/ Photo: RTBF
En République démocratique du Congo (RDC), les affrontements entre l’armée congolaise et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, continuent de faire rage aux abords de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le chef de l’ONU a exigé le retrait des forces rwandaises de la RDC, tandis que Kinshasa réclame des sanctions contre le Rwanda, accusé d’avoir déployé de nouvelles troupes sur son territoire. Un sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) est prévu dans les 48 heures, réunissant les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Les combats ont repris dimanche matin, au nord de Goma. Des détonations ont été entendues près de Kibati, à une dizaine de kilomètres de la ville, provoquant un mouvement de population vers le centre-ville. Selon plusieurs témoins, des explosions ont également retenti dans Goma même. La ville, qui abrite un million d’habitants et autant de déplacés, est en proie à la peur et à l’incertitude. Les commerces sont fermés, l’eau et l’électricité sont coupées, et les habitants vivent dans l’angoisse. Un résident de Goma a partagé son désespoir : « Nous sommes dans le noir, sans électricité ni eau. C’est une situation insupportable. Tout ce que nous espérons, c’est que des négociations puissent mettre fin à cette violence. »
Kinshasa accuse le Rwanda d’avoir envoyé de nouvelles troupes, qualifiant cela de « déclaration de guerre ». La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Wagner, a pris la parole devant le Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant une agression flagrante et appelant à des sanctions ciblées contre les responsables rwandais. Elle a également demandé un embargo sur les exportations de minerais rwandais, notamment le coltan et l’or.
Lors de cette réunion, la représentante de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a confirmé la présence du M23 près de la base de la Monusco à Munigi, exhortant le Conseil de sécurité à agir rapidement face à l’escalade de la violence. Plusieurs pays membres ont exprimé leur soutien à la RDC, soulignant que les attaques contre la Monusco pourraient être considérées comme des crimes de guerre.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pour la première fois appelé le Rwanda à retirer ses troupes de la RDC, exprimant sa profonde préoccupation face à l’escalade des hostilités. Les États-Unis ont également condamné les actions du Rwanda et du M23, appelant à un cessez-le-feu immédiat.
En réponse aux accusations, le Rwanda a affirmé qu’il se trouvait dans une « posture défensive durable », soulignant que les combats près de sa frontière représentent une menace pour sa sécurité. Kigali a insisté sur le fait que le M23 est un problème congolais et ne peut être tenu responsable des violations de l’intégrité territoriale.
Un sommet extraordinaire de l’EAC est prévu pour discuter de la crise en RDC, avec la participation des présidents Tshisekedi et Kagame. Parallèlement, le coordonnateur humanitaire des Nations unies a exprimé sa profonde inquiétude face à l’impact des combats sur les populations civiles, appelant à un cessez-le-feu.
La société civile de Goma a également lancé un appel à l’aide, demandant aux autorités congolaises et aux instances internationales d’agir pour mettre fin aux violences et protéger les civils. John Banyene Balingene, président de la coordination de la société civile du Nord-Kivu, a exhorté le gouvernement à organiser des opérations militaires pour libérer les zones contrôlées par le M23 et rétablir les services essentiels dans la ville.
La situation à Goma est critique, et l’espoir d’une résolution pacifique semble plus que jamais nécessaire.
Thom Biakpa