Le climat diplomatique entre les États-Unis et plusieurs pays du Sahel continue de se détériorer. Le Mali et le Burkina Faso ont annoncé, presque simultanément, de nouvelles conditions d’entrée visant les citoyens américains. Une décision assumée, présentée comme une réponse directe aux restrictions migratoires imposées récemment par Washington à leurs ressortissants.
À l’origine de cette escalade, une décision américaine annoncée mi-décembre. L’administration Trump a élargi la liste des pays dont les citoyens sont soumis à de sévères limitations de visas, invoquant des impératifs de sécurité nationale. Parmi eux figurent le Mali et le Burkina Faso, aux côtés d’États africains, moyen-orientaux et asiatiques.
Une mesure perçue à Bamako et à Ouagadougou comme brutale et non concertée.
Face à ce qu’ils considèrent comme une mise à l’écart injustifiée, les deux gouvernements sahéliens ont choisi de répondre sur le terrain diplomatique. Le Burkina Faso a fait savoir qu’il appliquerait désormais aux Américains des règles comparables à celles que subissent ses propres citoyens souhaitant se rendre aux États-Unis. Le Mali, de son côté, a annoncé l’entrée en vigueur immédiate de conditions d’accès identiques à celles imposées par les autorités américaines aux voyageurs maliens.
Au-delà des visas, ces annonces traduisent une volonté politique plus large. Les deux pays, dirigés par des régimes militaires issus de coups d’État récents, revendiquent une posture de fermeté face aux puissances occidentales. Leur rapprochement avec le Niger, également gouverné par une junte, s’inscrit dans cette logique de solidarité régionale. Bien que Niamey n’ait pas encore officialisé de mesures similaires, des sources diplomatiques évoquent une orientation comparable.
Cette séquence diplomatique intervient dans un contexte international marqué par le durcissement de la politique migratoire américaine. Depuis son retour à la présidence, Donald Trump a remis au cœur de son agenda la limitation des flux migratoires, défendant une approche restrictive destinée, selon la Maison Blanche, à préserver la sécurité et l’identité nationales. Des exemptions existent, mais elles restent strictement encadrées.
Pour les autorités maliennes et burkinabè, la riposte vise avant tout à affirmer leur souveraineté et à refuser ce qu’elles perçoivent comme un traitement discriminatoire. Si l’impact concret de ces mesures sur les déplacements reste limité, leur portée symbolique est forte : elles matérialisent une fracture diplomatique croissante entre Washington et une partie du Sahel, désormais engagé dans une redéfinition de ses alliances et de sa place sur la scène internationale.
Thom Biakpa




